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Conférences de Solange Anastasia Chopplet
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11 janvier 2021

TOCQUEVILLE

A PROPOS DE LA « DEMOCRATIE EN AMERIQUE » DE TOCQUEVILLE

 CONFERENCE

Philo - Alexis de Tocqueville et l'élection en Amérique 

 

          

 

I - A propos de la démocratie, qu’en est-il de son effectivité? Est-elle devenue un signifiant flottant? Une forme vide qui cependant fait rêver et agir comme l’un de ces dangereux mots tels que liberté, honneur, égalité, fraternité, civilisation au nom desquels se sont commis et se commettent encore les pires atrocités? Un idéal qui se propose comme un modèle, certes inaccessible mais en tout cas rassembleur? Le moins pire des régimes politiques parmi d’autres possibles?

 En tout cas les titres des dernières parutions sur le sujet « Comment gouverner un peuple Roi ? » (Pierre Henri Tavoillot), « Après la démocratie » (E. Todd), « Les maladies chroniques de la démocratie » (E. Worms),  « La fin de la démocratie » (Jean-Claude Kaufmann), « La fin des libertés » (M. Canto-Sperber), « La démocratie dans l’adversité » (Ch. Delsol ; G De Ligio), « Les fondements philosophiques de la démocratie moderne » (Maxence Herquard) et plus largement « Le dérèglement du monde » (Amin Maalouf) sans compter tous les ouvrages parus sur la gouvernance de Mr Macron, induisent que la démocratie se porte mal. Mais ne s’est-elle jamais portée bien?

Est-ce à dire que le régime est à son terme? Si oui, faut-il en changer ou bien chercher à le reconquérir de haute lutte? Faut-il le conserver par résignation, on accepterait un régime imparfait parce qu’on ne peut espérer mieux pour des êtres imparfaits, en cela Platon et Churchill (1) partagent le même avis ; ou est-ce au contraire parce qu’on estime que ce régime est le plus satisfaisant mais en même temps le plus vulnérable car il repose avant tout comme l’écrit Montesquieu dans « L’esprit des Lois » sur la vertu des citoyens en l’occurrence la vertu politique qu’Aristote après Platon définissait par : la prudence ; la tempérance ; la sagesse.

De ce fait la démocratie loin de se définir comme un régime politique parmi d’autres, incarnerait ce que Bouthors et Nancy dans « Démocratie ! Hic et nunc » définissent comme autre transcendance, c’est-à dire comme la capacité à surmonter sa finitude ce que ne laisse pas espérer la technique qui suspendant la vie au renouvellement des énergies maintient un état de manque permanent.

 Selon les auteurs la démocratie est une aspiration à une manière de vivre permettant d’habiter la vie, à condition d’une part d’avoir conscience de ce qui en fait le caractère tragique c’est-à-dire sa finitude au cœur de laquelle se rencontre l’infini sous la forme, en l’occurrence, d’un destin commué en histoire. Or qui dit histoire dit aventure collective, c’est-à-dire un futur dont on ne sait ce qu’il sera mais dont on est sûr qu’il adviendra.

 C’est pourquoi on se jette à l’aventure avec tout l’enthousiasme et la crainte que suscite l’ignorance et l’incertitude. Mais l’aventure si elle est un jeu (puisqu’on parie sans certitude) est cependant aux dires de Jankélévitch, jeu sérieux car il faut aussi en assumer les responsabilités.

Appliqué à la démocratie en tant qu’aventure collective, cela signifie qu’elle n’est possible qu’à condition que chacun s’oublie au profit du bien commun, or ce pur amour désintéressé ou oubli de soi, semble radicalement contraire à la nature humaine qui en l’occurrence est l’objet d’un débat philosophique dont dépend la possibilité même  de la démocratie.

 Vieux débat s’il en est qui divise les philosophes sur la bonté ou la méchanceté naturelle de l’homme dont les conséquences sont entre autres d’ordre politique. Si en effet on définit l’homme comme un loup pour l’homme (ce qui est une analogie des plus contestables puisque l’homme n’est pas un animal et que le loup n’est pas agressif à l’égard de ses congénères) on optera pour un régime autoritaire recourant à la force pour faire régner l’ordre ; si on opte pour sa bonté naturelle et une intelligence éclairée on choisira un régime où la volonté générale sera le produit d’un contrat ou chacun en obéissant à la loi n’obéira cependant qu’à lui-même ; mais on peut aussi présupposer que les hommes se divisent en forts et faibles, les uns étant faits pour commander et les autres pour obéir, la force en ce cas s’érigeant en droit du plus fort.

 Cette question est, pensons-nous, indécidable mais on peut toujours «parier» que l’homme est perfectible et instaurer les conditions qui lui permettent de participer à cette aventure humaine, qui n’est cependant jamais acquise mais sans cesse à reconquérir en premier lieu sur soi, sur ce que Kant dénonçait comme la paresse et la lâcheté de l’homme, l’empêchant d’accéder à cette liberté, en l’occurrence politique, sans laquelle le res publica n’a pas de sens.

 Paresse qui consiste à s’installer dans un conformisme que Tocqueville dénonçait sous la forme de la démocratie bourgeoise de Louis Philippe invitant les citoyens à ne plus penser et à faire confiance à un Etat centralisateur providence tandis qu’ils pouvaient vaquer à leurs intérêts personnels rassurés qu’ils étaient quant à la stabilité du régime.

 Lâcheté aussi lorsqu’il s’agit de dire « non », de résister aux forces à l’assaut de la démocratie sous couvert de défense de celle-ci, comme ce fut le cas lorsque Louis Bonaparte III prit le pouvoir ou plutôt assura son pouvoir grâce à un coup d’Etat que le peuple cautionna par vote à 70 % tandis que nombre de parlementaires se ralliaient à lui à quelques notables exceptions prêts.

 Lâcheté double puisqu’elle joue à l’égard de ses propres convictions trahies, et à l’égard du pouvoir dont on devient le sujet qui en le cautionnant lui procure la force de son asservissement.

 Faut-il alors se révolter et décapiter le pouvoir? En instaurer un nouveau? Mais fait-on jamais table rase de ce qui fut? Tocqueville a démontré le contraire dans « L’ancien régime et la révolution » où procédant  une déconstruction des représentations de celle-ci il démontre que la révolution était le produit de l’ancien régime dont la fin était déjà annoncée depuis longtemps et tributaire de ses propres structures puisque l’aristocratie avait été épuisée par les monarques successifs qui en réduisant leurs privilèges avaient préparé l’égalité de condition revendiquée par la révolution. Egalité, notons le, que le christianisme avait dès Saint Paul érigée en valeur cardinale. Ainsi, ironie de l’histoire, la révolution est pensée comme l’instauration d’une égalité préparée par l’Ancien Régime honni et par l’église conspuée,  de sorte qu’inconsciente de ces causes qui la déterminèrent et se croyant libre, elle engendrera deux Empires et trois monarchies qui, avec le consentement du peuple appelé à voter soit sous forme censitaire soit universelle, optera pour des régimes forts les privant de la liberté au nom de laquelle il s’était révolté.

 Tocqueville tout au long de sa vie, à la fois en tant que penseur politique et politicien, ne cessera de le dénoncer en vain,  ce faisant il nous aura fourni des concepts pour penser les principales problématiques de la démocratie moderne  et sa fin annoncée.

 

II – DE LA DEMOCRATIE EN AMERIQUE   Amazon.fr - De la démocratie en Amérique, tome 1 - Alexis de Tocqueville - Livres

 

1) Genèse de l’œuvre

 Le livre le plus célèbre de Tocqueville « De la démocratie en Amérique » T-1 (1835), T-2 (1840) a fait de lui le penseur de la démocratie au XIXème siècle mais bien au-delà puisque c’est la nature de celle-ci qu’il explicite à partir de son expérience américaine.

 Accompagné de son inséparable ami Beaumond, Tocqueville,  après avoir obtenu du ministère de l’intérieur un ordre de mission pour étudier aux Etats-Unis les pratiques pénitentiaires en vue de rénover le système français, et en outre désireux de s’éloigner d’une France en proie aux soubresauts de la Révolution de 1830 qui a mis fin au règne de Charles X tandis que sa carrière de magistrat l’ennuie et ne lui offre guère de perspective, s’embarque pour les Etats-Unis. En fait il apparaitra très vite que même s’il accomplira sa tâche en toute conscience, celle-ci n’aura été qu’un prétexte pour juger le fonctionnement de la toute jeune démocratie américaine qui a pu s’implanter sans les débordements révolutionnaires qu’a connus et que connait encore la France (2).

 Embarqués le 2 avril 1831, ils arrivent à New-York le 9 mai. Très vite ils sont reçus par le maire de New-York,  les journaux parlent d’eux, on se les arrache. Ils vont d’étonnements en étonnements dans ce pays qui contraste tant avec la France.

 Tandis que dans celle-ci les différences de naissance perdurent, pour preuve les monarchies se succèdent après la Révolution de 1789, là, l’égalité de condition est de règle et l’on se prévaut de l’argent que l’on gagne par son travail et non des titres dont on a hérité. Revers de la médaille les américains manquent du raffinement, de la culture et des valeurs de l’aristocratie européenne.

 Par ailleurs à la différence de la France, la population y est très mobile, on y change de métier comme d’Etat. Tocqueville décrit la société comme « fébrile » et «cimentée par l’intérêt » tandis que la société française est sclérosée par le poids des traditions, hiérarchies et héritages. Cependant il n’est pas question pour Tocqueville de faire un panégyrique de l’Amérique mais de « chercher une image de la démocratie elle-même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions : j’ai voulu la connaître ne fut-ce que pour savoir ce que nous devions espérer d’elle » (3).

 Et en effet force est de constater qu’après s’être débarrassés du joug anglais, les Etats-Unis d’Amérique ont instauré une démocratie qui n’a plus été contestée tandis que la République française ne parvient pas à s’établir. Rappelons  pour mémoire quelques dates :

 1792 – 1804        1ère République

1804 – 1814        1er Empire

1814                      Restauration Louis XVIII

100 jours             Retour de l’Empereur

1815 -  1824        2ème Restauration Louis XVIII

1824 – 1830        Charles X

Révolution de 1830 – Les Trois Glorieuses

1830 – 1848        Louis Philippe – 1ère Monarchie constitutionnelle

1848 – 1852        Abdication de Louis Philippe – 2ème République

1852 – 1869        Louis Napoléon Bonaparte – Second Empire

1870                      Sedan

1871                      Commune de Paris – 3ème République – Tiers Président

 Le paysage politique français au XIXème est fort brouillé comme en témoigne la vie politique de Tocqueville qu’il expose dans ses « Souvenirs » qui relatent par le détail le chaos politique qui a suivi les évènements de 1848.

Mais pour lors Tocqueville découvre aussi en Amérique les zones d’ombre de la démocratie, en particulier le sort réservé aux Indiens et l’esclavage des noirs qu’il considère comme une tâche sur la démocratie.

A propos des premiers qu’il décrit au  chapitre I du tome I il est réservé et les décrit tour à tour comme « doux, hospitaliers et impitoyables » (4) et s’il espère un temps qu’une intégration sera possible,  plus tard il pensera que ce peuple ne peut que se tenir à l’écart du développement de l’Amérique. Il ne cache pas néanmoins son admiration qui lui rappelle les vertus de l’aristocratie dont la démocratie bourgeoise matérialiste s’avère bien incapable. Mais les seconds ont justement pour ces raisons en raison de ces populations (5).  Quoiqu’en apparence on respectât leurs droits comme tout américain, en effet les rapports économiques sont contractuels, les indiens sont soumis aux mêmes lois, le blancs savent profiter de leur analphabétisme et de leur incompréhension des codes culturels des blancs. « On ne saurait, écrit Tocqueville, détruire les hommes en respectant mieux les lois de l’humanité » (6).

 En tout cas la démocratie américaine est marquée au sceau de la conquête de l’ouest qui requiert adaptation, inventivité audace et persévérance.

Du reste Tocqueville définira « les temps démocratiques comme des temps d’innovation, d’essais et d’aventure ».

Quant à la condition des noirs elle est scandaleuse.

En France l’esclavage avait été aboli par la Révolution et rétablie par Napoléon Bonaparte, il ne cessera définitivement qu’en 1848. En Amérique où il perdurera jusqu’en 1865 le degré d’acculturation et d’aliénation de la population noire est tel que « s’il le pouvait le noir consentirait avec joie à se répudier tout entier ». « Il est arrivé à ce comble de misère que la servitude l’abrutit que la liberté le fait périr ». Il ne suffira donc pas de faire casser l’aliénation juridique pour que le noir acquière les vertus et capacités requises à l’usage de la liberté, ni non plus que les américains les considèrent comme égaux en nature (7).

Du reste les noirs constituaient au nord, abolitionniste pourtant, la population la plus misérable pour longtemps.

Quant au Sud il est confronté à un insurmontable problème d’ordre économique, les esclaves s’avérant, comme ils l’avaient été en Grèce, nécessaires au fonctionnement économique et démocratique de la cité (8).

Carte Antique Des Étatsunis 1897 Fin Xixe Siècle Vecteurs libres de droits et plus d'images vectorielles de 1890-1899 - iStock

Encore une fois Tocqueville constate que politique et économie ne font pas bon ménage et que les bons sentiments requièrent des aménagements, comme on en vit en Amérique du Sud lorsque les indiens considérés comme des hommes doués d’âme, durent être remplacés par des esclavages noirs.

Pour en revenir au voyage de Tocqueville aux Etats d’Amérique, il en parcourra la plus grande partie allant de New York aux Grands Lacs du Nord Ouest sur les traces des derniers Mohicans et d’Atala.

Les deux amis séjournent chez les Indiens Chippewa tout proches du Canada avant de s’embarquer à l’improviste appareillant pour Green Bay à l’extrémité du lac Erié.

La découverte du Canada et de Montréal sera un temps fort de leur voyage. Ils sont étonnés de voir la force de la présence française à Québec alors que le pays est passé sous domination anglaise depuis 1763. Là, écrit Tocqueville à l’abbé Lesueur « Nous nous sentions comme chez nous et partout on nous recevait comme des compatriotes » quoiqu’il craigne pour le futur d’un pays envahi de migrants anglo-saxons.

Puis ce sera Philadelphie en Pennsylvanie où ils rencontreront les quakers, pacifistes et abolitionnistes incarnant la force de la religion pour intégrer des valeurs morales.

Au Sud par contre ils constateront les ravages de l’esclavagisme et la persistance de celui-ci dans les mentalités lorsqu’il a été aboli par exemple à Baltimore où une stricte ségrégation perdure. Et Tocqueville en vient à constater que « Les américains des Etats-Unis plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs de leur race » qu’il s’agisse des noirs ou des indiens.

Ainsi s’achève un voyage qui aura duré d’avril 1831 à janvier 1832. Tocqueville en rapporte quelques concepts clefs qui alimenteront le tome 1 «De la démocratie en Amérique ».

 

2) Les concepts clefs de la Démocratie en Amérique

 Dans l’introduction au Tome 1, Tocqueville expose le plan de son ouvrage. Tout d’abord l’influence de la démocratie sur les lois, l’Etat et les affaires (9) ; puis l’influence qu’exercent l’égalité des conditions et le gouvernement de la démocratie sur la société civile, les habitudes, les mœurs.

Il est notable d’une part que Tocqueville ne réduit pas la démocratie à n’être qu’un régime politique, c’est avant tout une aspiration naturelle à l’égalité des conditions. Aspiration telle qu’il y verra le dessein de la divine providence et par conséquent une marche de l’histoire nécessaire et universelle (10). Cette aspiration s’incarne donc dans un régime politique, la démocratie, qui à son tour en tant que pouvoir législatif élabore des lois ad hoc qui informent la société, les mœurs, les habitudes.

De la sorte Tocqueville pourra à la fois démontrer que la démocratie était de longue date en gestation en France, qu’il serait absurde de s’y opposer et enfin que la religion a largement, comme le montre l’église américaine, contribué à son émergence et qu’elle demeure l’un de ses plus puissants soutiens.

On comprendra dès lors pourquoi Tocqueville se montra si critique à l’égard de l’église lorsqu’elle prit le parti de ce Louis Napoléon Bonaparte qui trahissait l’idéal démocratique sous prétexte de le servir en instaurant un état centralisateur despotique jugulant la liberté essentielle à une vraie démocratie.

 Il aura donc rapporté d’Amérique les idées suivantes en tant que caractéristiques de la démocratie américaine :

- l’égalité des conditions (11)

- l’argent en tant que critère de distinction sociale

- un Etat non centralisateur / autonomie des Etas

- le civisme et le haut degré d’éducation

- l’esprit religieux

- les associations bénévoles.

 Egalité et liberté sont donc bien les causes et les raisons de ce régime. Dès lors son étude lui aura permis de cerner « ce que nous devons espérer ou craindre » de la démocratie.

Car des craintes il y en a aussi car « Le peuple règne sur le monde politique américain comme Dieu sur l’univers. Il est la cause et la fin de toutes choses ; tout en sort et  tout s’y absorbe » mais ce règne peut devenir une « douce tyrannie » de l’opinion rendue conformiste. Il n’en demeure pas moins qu’à la différence de la France le peuple américain se gouverne puisque grâce au vote universel il élit les législateurs et veille à l’élaboration et à l’exécution des lois de sorte que la place de l’administration est restreinte d’autant que les associations évitent aussi l’intervention de l’Etat et pallie à l’individualisation que la liberté et l’égalité pourraient alimenter.

Quel idéal de bonheur la démocratie promet-elle?

Certes pas celui des vertus héroïques de l’aristocratie mais d’« habitudes paisibles au sein d’une société prospère ».

A quel prix? Au prix du conformisme intellectuel car « la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée ; la tyrannie laisse le corps et va droit à l’âme ».  D’où le risque d’une domination de la médiocrité.

 III  - LA CARRIERE POLITIQUE DE TOCQUEVILLE

 1) Projets politiques

 Ces différents concepts fondateurs de la démocratie et partant de la liberté sont d’autant plus importants mais aussi difficiles à instaurer en France que revenu au pays la situation née des trois glorieuses (1830) bafoue la légalité et partant la liberté. Tocqueville connait alors une position qui ne cessera d’être la sienne au cours des décennies, être l’observateur lucide de catastrophes annoncées qu’il ne peut prévenir. D’où chez lui, un découragement lancinant qui ira grandissant et qu’il confiera dans ses lettres à son amie Sophie Swetchine. Alors que l’affairisme, le fatalisme politique, le matérialisme le plus cynique, la spéculation sévissent, il désespère de son travail qu’il réduira au « divertissement, au sens pascalien, des travaux de l’esprit ».

Pour lors c’est encore un jeune homme animé par l’indignation mais mal à l’aise au milieu des idéalistes nostalgiques du passé ; des républicains susceptibles de violence, alors que lui souhaiterait joindre le maintien de l’ordre et le respect des lois c’est-à-dire ouvrir une troisième voie entre monarchie et socialisme.

Seul remède embrasser une carrière politique pour tacher d’incarner et d’adapter ce que lui a appris la démocratie américaine en en évitant les dérives tyranniques (12). Tocqueville veut à la fois éviter l’instauration d’une « démocratie petite bourgeoise »  et d’une démocratie despotique. Disons d’emblée qu’il n’y parviendra pas (13) et que malgré le succès fulgurant de l’œuvre on se contentera de la lire et de l’admirer du moins parmi les intellectuels dont en Angleterre Stuart Mill.

Au cours du voyage où il rencontre le philosophe, Tocqueville peut constater le coût humain de la révolution industrielle qui fera naître la première association internationale des travailleurs en 1864.

IMAGES COUVERTURES DES ŒUVRES CITEESAmazon.fr - Seconde lettre sur l'Algérie - Tocqueville ( Alexis de ) - LivresRentré en France, Tocqueville rédigera trois mémoires, l’un sur le «Paupérisme » (1835) engendré par l’inégalité des fortunes, l’autre « L’état social et politique de la France avant et après 1789 » qui préfigure « L’ancien régime et la révolution » écrit quelques décennies plus tard, enfin « Lettres sur l’Algérie » (1837) qui tiendra une grande place dans sa carrière politique lorsqu’il sera nommé, à la suite de sa connaissance du terrain, ministre des affaires étrangères en charge du dossier de la colonisation de l’Algérie qu’il approuve tout en déplorant les abus des militaire  (14).

Mémoire sur le paupérisme - Alexis de Tocqueville - Babelio

On admirera l’ambiguïté et l’hésitation de ses positions en la matière.

Parallèlement il poursuit la rédaction du tome 2 « De la Démocratie en Amérique » qui paraîtra en 1840.

 Elu le 2 mars 1839 député de Valognes, Tocqueville ne chôme pas, désireux qu’il est de redonner à la France une grandeur que «la platitude du pot-au-feu démocratique bourgeois » menace de lui faire perdre. L’orgueil national est le grand sentiment qui demeure aux français. Aussi insiste-t-il sur la question des intérêts de la France en Orient, sur sa mission civilisatrice. Par ailleurs lui sont confiés des dossiers sur l’abolition de l’esclavage et le système pénitentiaire.

 En la matière Tocqueville est drastique en plaidant pour une abolition totale et immédiate. On n’attendra pas que les peuples aient la maturité requise pour être libres, car ce n’est qu’en faisant l’expérience qu’on apprend à l’être. Bien sûr cela heurte les intérêts économiques des colons et partant de la France aussi Tocqueville transige-t-il en mettant en place un système d’indemnités compensant les salaires versés par les colons aux affranchis. Echec du projet pourtant admiré à l’étranger, Louis-Philippe refuse l’émancipation. Quant à son projet de réforme pénitentiaire il s’enlisera aussi. Est-ce faute de contenu? Non pas mais de forme car on lui reproche d’être un piètre orateur, froid, manquant l’élan (15).

 Dès lors il observera une réserve certaine à l’égard du monde et des mondanités, se retirant souvent dans sa propriété de Tocqueville pour y rédiger ses œuvres.

Il écrira du reste dans l’introduction à l’ « Ancien régime et la révolution », « Je vaux mieux dans la pensée que dans l’action ».

 2) « De la Démocratie en Amérique » - T. 2Amazon.fr - De la démocratie en Amérique, tome 2 - Tocqueville, Alexis de - Livres

En 1840 il fait paraître le tome 2 de son grand œuvre où il examine l’ « influence :

a) sur le mouvement intellectuel aux Etats-Unis »

b) « sur les sentiments des américains »

c) « sur les mœurs proprement dites »

d) « sur la société politique » (16). Mais des Etats-Unis il n’est question que dans 20 % des trois premières parties selon André Jardin, biographe de Tocqueville.

 Globalement, il y réaffirme que l’aspiration à l’égalité est naturelle ; voire voulue par la divine providence ; que les hommes sont de la même espèce en deçà de leurs différences apparentes dont ne peut arguer l’inégalité de condition promue par l’ancien régime ; en conséquence la démocratie se signale par un « adoucissement des mœurs » (17) lié à une empathie naturelle ; dès lors les démocrates « n’ont ni la même manière de penser ni de sentir et c’est à peine s’ils croient faire partie de la même humanité » que les aristocrates. Le bourgeois et le gentilhomme ne sont pas seulement statutairement différents mais avant tout ontologiquement. Ce n’est donc pas la situation qui induit les différences mais la nature même. On peut en discuter d’autant que sa thèse présuppose une nature humaine innée diversifiée. N’aurait-on pas plutôt en l’occurrence une inversion des causes et des effets faisant passer pour naturelles des différences culturelles, la culture devenant de ce fait une seconde nature?

Tocqueville définit la Révolution française comme le déclencheur d’une rupture de la « longue chaîne qui remontait  du paysan au roi » mettant « chaque anneau à part » mais induisant par la même un individualisme au combien mortifère pour la démocratie elle-même puisque le lien social sur lequel elle repose est fragilisé (18). L’ère de l’indifférence s’instaure justifié, voire légalisé par le régime (19), et d’autant plus renforcé que l’argent est roi et qu’une économie libérale et par conséquent concurrentielle l’encourage (20). Aussi a-t-on tout intérêt à limiter l’intervention de l’Etat au profit de la liberté du self made man dont l’horizon est l’enrichissement personnel. On n’est pas loin de penser que l’égalité de condition est le moyen qu’a trouvé la bourgeoisie de s’enrichir en toute légalité, voire de prendre le pouvoir pour élaborer des lois à son profit tout en arguant qu’elles visent le bien de tous. C’est bien ce que détectera Tocqueville dans la politique de Napoléon III. Dès lors bien plus intéressé par lui-même que par le commun et les grandes causes l’homme démocratique est paradoxalement indifférent à la défense de la démocratie qui s’enlise dans le despotisme. Benjamin Constant ne dira pas autre chose déplorant que la liberté se réduise à l ‘indépendance (21).

Comment dès lors conjoindre égalité et liberté, projets individuels et participation à la vie politique? Comment penser une démocratie qui ne soit pas une  uniformisation de l’opinion, et un repli sur son quant à soi?

 

Tout repose en fait sur un éclaircissement de la notion de liberté dont Tocqueville distingue plusieurs sens. C’est tout d’abord le libre arbitre dont on pourrait dire qu’il est la chose au monde la mieux partagée, mais elle requiert un encadrement juridique pour être effective. Elle se distingue de la liberté aristocratique qui est un privilège mais qui exige et enseigne l’autonomie. C’est ainsi qu’Aristote distingue l’esclave par nature de l’homme libre.

 La distinction opérante est donc entre une liberté primitive indépendante qui peut être déréglée et une liberté participative ou politique. Mais encore faut-il pour l’acquérir un apprentissage,  or si le démocrate s’en remet à un état tout puissant, il renonce à l’exercice de sa liberté politique, réduit à quelques votes périodiques. Il faut donc participer concrètement à la vie politique de façon indépendante afin de sauvegarder et l’une et l’autre et de construire la société démocratique qui réalise l’homme en sa plénitude intellectuelle, humaine, politique.

 

 Bien sûr cela ne va pas sans inquiétudes, celles justement dont on veut se décharger sur un état providence (dont on s’étonne un beau matin de l’extension du pouvoir) auquel on a laissé les coudées franches et qui en tuteur bienveillant a alerté le peuple sur le danger de prendre des initiatives (22).

 C’est donc l’ensemble des liens sociaux et des façons de vivre que la démocratie remet en question.

Rapports entre le maître et son serviteur (23), entre membre de la même famille où le père n’est aux yeux de la loi qu’un « citoyen plus âgé et plus riche que ses fils ».

 Afin d’éviter les dérives mentionnées, l’Amérique a su mettre en place des garde fous que Tocqueville décrit en reprenant les analyses du tome 1 deuxième partie, chapitres II et IV –V à savoir ; la liberté de la presse ; la création d’associations ; les élections locales représentatives, autrement dit les corps intermédiaires entre les individus et l’Etat.

 Or la France n’est guère encline à créer des associations. La Déclaration des droits de l’homme n’en mentionne pas la liberté. Napoléon I la règlemente sévèrement.

Portrait of Emperor Louis Napoleon III - Auguste Boulard en reproduction imprimée ou copie peinte à l'huile sur toile

Ce n’est qu’en 1848 que la liberté en matière d’association sera reconnue mais à nouveau abrogée, en 1851 par Napoléon III pour n’être rétablie qu’en 1901, et l’histoire n’est pas finie.

Quant à la liberté de la presse elle subit le même sort puisque successivement en 1848 (24), 1849 et 1852 elle est fortement réduite et il faudra attendre 1881 pour qu’elle soit reconnue. Tocqueville en envisage tout le bénéfice puisqu’en 1844 il crée un journal en rachetant « Le Commerce » qui comportera un roman feuilleton pour des questions de rentabilité. Il y sera question d’économie notamment agricole, de liberté d’enseignement pour les établissements catholiques  privés, mais aussi de rubriques littéraires écrites par Gobineau. Cependant le journal périclite très rapidement et cesse de paraître en mai 1845.

 Enfin la participation de chacun à la chose politique évoquée ci-dessus, passe avant tout par l’extension du vote jusque là censitaire. La monarchie de juillet élargit l’élection du corps électoral aux conseillers municipaux. De censitaire le votre deviendra capacitaire pour enfin s’afficher universel en 1848. Curieusement Tocqueville refuse l’élargissement du vote censitaire en vertu de convictions qu’il ne cessera d’afficher et de craintes liées à l’anarchie (25) dont il verra réapparaître le spectre ne 1848. « Et voilà la Révolution qui recommence, écrit-il, dans ses « Souvenirs », car c’est toujours la même. A mesure que nous allons, son terme s’éloigne et s’obscurcit ». Le peuple se fait populace (26), veut tout et tout de suite, l’enthousiasme se substitue à la raison, et le mirage des promesses fait merveille. Il existe bel et bien un rapport étroit entre « utopie politique et déraison insurrection et démence » (27).

 Tocqueville désapprouve le socialisme qui lui rappelle les spectres de la première Révolution.

Et lui qui écrira dans « L’ancien régime et la révolution » que seules la liberté et la dignité l’ont toujours fait agir,  favorisera un capitalisme inhumain au nom de la famille, de la propriété et de la civilisation contre les réformes que propose le socialisme utopique (28) à savoir :

 - intervention de l’Etat pour réglementer les salaires et imposer le droit au travail (instaurant une     nouvelle forme de servitude d’Etat selon Tocqueville)

- assistance aux démunis (encourageant la paresse et pesant sur les classes aisées toujours selon    

  l’auteur)

- règlementation voire suppression de la propriété privée

- redistribution des richesses et moyens de production

- suppression rente foncière et intérêt du capital.

 De telles propositions produisent les réactions violentes que l’on connait aux couleurs de guerre civile.

Mais Victor Hugo écrira à la veille de la révolution de 1848 « En quatre mois de fainéantise, on a fait du brave ouvrier un flâneur hostile auquel la civilisation est suspecte » (29).

Louis Napoléon Bonaparte illustre inconnu va saisir et pour longtemps l’occasion d’accéder au pouvoir.

Qu’est-ce que cette seconde révolution transforme? En fait et à l’instar de la première pas grand-chose qui n’aurait déjà été instauré par l’Ancien régime comme le constatera Ampère lorsqu’il fera le compte rendu de l’ouvrage de Tocqueville. La centralisation administrative déjà existante est  renforcée et garantit le fonctionnaire contre le citoyen ; Paris conserve une place prépondérante ; la propriété est extrêmement morcelée ; la noblesse n’exerçait déjà plus d’influence ; les communes sont aliénées aux autorisations de Paris et les municipalités sont dans le même cas à la différence des townships américaines.

On est bien loin des effets de la Révolution américaine et de l’instauration d’une véritable démocratie, pour preuve quatre ans plus tard Louis Napoléon Bonaparte deviendra Napoléon III Emperator.

 Pour lors le bicamérisme est refusé, l’Etat demeure souverain la loi est sacrée et représente la volonté générale, comme l’avait préconisé Rousseau,  mais est voté le principe de l‘élection du Président au suffrage universel direct, qui portera Louis Napoléon Bonaparte à la présidence par

74 % de votes favorables.

Quant à Tocqueville,  entre les tumultes de la révolution, les ennuis de santé, il mourra d’une tuberculose qui commence à se manifester et renonce à son élection au conseil général de la Manche, il s’éloigne pour un temps de la scène politique et entame un voyage en Allemagne (mai 1849) où se déchirent les tenants et opposants du rattachement de l’Autriche à l’Allemagne des Habsbourg, s’affrontent d’une part les tenants du libéralisme,  de l’autre les monarchistes qui l’emporteront.

 Mais rappelé d’urgence à Paris, Tocqueville rentre pour apprendre qu’il a été nommé ministre des affaires étrangères. Quoiqu’ opposé au nouveau régime il lui jure fidélité mais n’en pense pas moins « Nous voulions faire vivre la République, il (Louis Napoléon Bonaparte) en voulait hériter. Nous ne lui fournissions que des ministres, quand il avait besoin de complices ».

Son ministère lui sera vite enlevé, il aura duré cinq mois, à la suite de l’échec de la « question romaine ».

La France venue prêter main forte à la République italienne, proclamée le 2 février, qui est menacée par les autrichiens  est fraichement accueillie au point que les troupes français seront repoussées par Garibaldi.

En France une crise politique éclate Ledru Rollin accusant le Président d’ingérence dans un pays étranger. Des manifestations ont sévèrement réprimées et le président en profite pour juguler la liberté d’expression et restreindre le suffrage universel.

Le 3 juillet 1849 les troupes françaises entrent à Rome. La mainmise de la Papauté est réinstaurée, l’Autriche est ménagée, l’échec de la République est patent. Le blâme de Louis Napoléon tombe sur le gouvernement démissionné au profit de nouveaux ministres que Victor Hugo qualifie de « carreaux vides ». Tocqueville quant à lui qualifie Louis Napoléon Bonaparte de « monomane » (30).

Découragé il se sent vieux et prend un congé de six mois auprès de l’assemblée. Ses doutes métaphysiques le reprennent, il voudrait croire mais n’y parvient pas.

 Enfin, dernier acte de 1848, le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851. L’Assemblée est dissoute, les députés dont Tocqueville emprisonnés à Vincennes, l’état de siège est instauré. Le 4 décembre tout est terminé. Les républicains tâchent d’organiser la résistance en province mais encore une fois elle est réprimée. Le pays vit désormais, écrit Tocqueville sous « l’empire du sabre » et le plébiscite à l’avantage du nouvel empereur n’est plus qu’«un simulacre démocratique ». Une nouvelle constitution « la plus despotique » qu’ait jamais connue la France est promulguée.

Là s’achève la carrière politique de Tocqueville (31).

Les résultats pour la démocratie sont désastreux et les analyses de Tocqueville sont confirmées quant à ses dérives lorsque la volonté d’égalité n’est pas régulée par des instituions libérales mais génère un Etat centralisateur à tendance despotique (32).

« Le socialisme aura engendré le sabre » comme l’avait du reste préparé la tradition de l’Ancien régime peu propice à l’élection d’une démocratie.

Il eût donc fallu que la France soit susceptible d’établir des institutions nouvelles ad ‘hoc pour que la démocratie fut possible au lieu de l’originer dans celles de l’Ancien régime, ce que les Etats-Unis, et pour cause, n’avaient pas eu de mal à faire en partant d’une tabula rasa.

En attendant faute de liberté politique l’Etat favorise l’économie où les individus trouvent un terrain propice à leur indépendance et volonté d’égalité. Mais sans le contrepoint de la sympathie et de l’adoucissement des mœurs, c’est l’inégalité de fait qui s’instaure (33).

Même chez les catholiques Tocqueville constate « cette aspiration vers la tyrannie, cet attrait pour la servitude, ce goût de la force, du gendarme, du censeur, du gibet ».

Désormais Tocqueville se consacrera à l’écriture de « L’Ancien régime et la révolution » mais la mort l’emportera avant qu’il n’ait achevé la rédaction du deuxième volume au soir du 16 avril 1858. Il avait cinquante quatre ans. Il sera inhumé à Tocqueville.

 L'Ancien Régime et la Révolution

ANASTASIA CHOPPLET

Conférencière et philosophe

  

(1) W. Churchill – Discours du 11/11/1947 à la Chambre des communes

(2) Tocqueville – De la démocratie en Amérique – T-1 Avertissement p. 34 – Folio Histoire. Notons que cet avertissement date de 1848 qui a vu l’abdication de Louis-Philippe

(3) Op. Cité – p 51

(4) Op. Cité – p 65

(5) Op. Cité – p 67 – 68

(6) B. Krulic – Tocqueville – Folio Biographies 2016 – p 62

(7) Krulic – Op. Cité – p 81

(8) Krulic – Op. Cité – p 66

(9) Démocratie en Amérique – Op. Cité - p 51

(10) Krulic – Op. Cité – p 75

(11) Krulic – Op. Cité – p 74 / p 75

(12) Op. Cité – p 76

(13) Du moins sur le plan national car il fut de nombreuses reprises réélu comme maire et conseiller général de Tocqueville dans le Cotentin.

(14) Krulic – O. Cité – p 152. 15. 154. 163

(15) Op. Cité – p 113

(16) De la démocratie en Amérique T. 2 Avertissement p 7 à 9

(17) Op. Cité – 3ème partie

(18) Krulic – Op. Cité – p 118

(19) Démocratie – Op. Cité – 2ème partie p 142 – 143

(20) Krulic – Op. Cité p 118

(21) Op. Cité -  p 120

(22) Krulic – Op. Cité – p 124

(23) Krulic – Op. Cité – p 121

(24) Tocqueville relation l’épisode des banquets dans Souvenirs – Coll. Folio Histoire p 29 et suivantes p 34, 35, 37 – Consulter aussi V. Hugo – Choses Vues

(25) Krulic – Op. Cité – p 130

(26) Victor Hugo – Choses vues – Coll. Folio – p 325 – 26 (K. p 129)

(27) Krulic – Op. Cité – p 180

(28) Représenté par Fourier, Saint Simon, Proudhon, Louis Blanc, en France : Marx et Engels en Allemagne ; Manifeste du Parti communiste 1848.

(29) Victor Hugo – Choses vues – Coll. Folio – p 336

(30) Krulic – Op. Cité – p 206

(31) Op. Cité – p 219

(32) On pourrait au regard des analyses de Tocqueville, évaluer la situation contemporaine en France depuis 2019.

(33) Op. Cité – p 235

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