LES FONCTIONS DU JOUET

LES FONCTIONS DU JOUET

Au vu de l’omniprésence du jouet dans les chambres d’enfants, dans les vitrines des magasins ou sur les sites de vente, la question se pose de savoir quelle sont les différentes fonctions qu’il joue tant sur le  plan historico-culturel, que philosophique social, ou encore commercial. C’est du reste ce à quoi nous invite le corpus que nous allons étudier, composé de…

 En premier lieu le jouet est un facteur d’intégration tant culturel que social pour l’enfant.

Depuis la plus haute antiquité le jouet qu’il soit éternel ou ponctuel est présent dans les cultures dont ils sont le reflet des évènements marquants. Ainsi dessinent-ils le cadre culturel dans lequel l’enfant va se développer. Ils ont de ce point de vue un rôle éducatif même s’ils ne sont pas les seuls comme le nuance Gilles Brougère puisque la télévision est aussi un véhicule culturel.

Ce faisant le jouet a aussi un rôle de socialisation puisqu’avec lui l'enfant choisit ses partenaires et ce faisant transcende, comme l’illustre le poème de Baudelaire les partitions sociales : riche-pauvre. Ainsi le jouet n’est-il pas tant estimé pour lui-même qu'en fonction d’une interprétation qui certes doit à la situation donnée qui échappe  à l’enfant, souligne Brougère, mais dont il s’empare au point que le rat du pauvre est plus intéressant que l’éternelle et ennuyeuse poupée du riche.

Donc aussi déterminant que soient la culture et le milieu qui proposent des objets obligés, tels ceux de la couverture du catalogue de jouets qui le transforme en objet commercial échappant à enfant, celui-ci en définitive en fera sa chose propre.

 C’est pourquoi le jouet ne peut être réduit à un moyen d’intégration aliénant, il est au contraire le véhicule d’une culture ouverte qui construit l’enfant en construisant sa propre identité.

C’est pourquoi il peut transcender les partitions sociales et constituer, comme y invite à le penser Brougère, une culture personnelle qui sera constituée des apports des séries télévisuelles, de la publicité, songeons à la publicité du catalogue des jouets, des propositions familiales, mais qu’il organisera par son activité ludique.

Dès lors ce sont aussi les valeurs conventionnelles qu’il remet sans le savoir en question : les partitions sociales déjà évoquées ; le mépris du pauvre lui-même identifié à son jouet, le rat ; les réseaux commerciaux, le rat n’ayant nulle valeur commerciale contrairement au catalogue de jouets.

Le jeu est donc réorganisation du monde culturel et social, en même tant qu’intégrité de celui-ci. C’est donc un objet ambigu puisqu’il est collectif et individuel, éternel et ponctuel, susceptible, ajoute Brougère, d’alimenter des activités socialisantes ou au contraire solitaires.

 Ainsi le jouet essentiellement propre à l’enfant est un objet qui contribue à la construction culturelle, sociale et éthique de l’enfant. Il irrigue l’économie et s’avère, comme en témoigne son histoire, nécessaire à la société. Mais en même temps, en tant que jeu, il remet en question toutes les conventions établies.

ANASTASIA CHOPPLET

Conférencière et philosophe