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Conférences de Solange Anastasia Chopplet
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25 août 2019

LA PUTAIN RESPECTUEUSE (SARTRE)

La mise en scène de l’interrogation existentialiste

La Putain respectueuse (SARTRE)

 

La P... Respectueuse

Entrée en matière

La « Putain respectueuse » fut écrite en 1946, trois ans après l’ouvrage fondateur de l’existentialisme « L'être et le néant ».C’est dire que la pièce de théâtre, imprégnée des thèses sartriennes, requiert d’être lue à la lumière de celles-ci.

On pourrait s’étonner du fait que Sartre ait fait appel à ce type de discours mais ceci s’explique par la difficulté de dire l’existence. Plus qu’un exposé de thèses, l’existentialisme se veut une interrogation vivante sur ce qu’est l’existence, c’est pourquoi il emprunte les voies du journal intime, de l’aphorisme, du théâtre, du roman à propos duquel Simone De Beauvoir a écrit : « Seul le roman permettra d’évoquer dans sa réalité complète, singulière, temporelle, le jaillissement original de l’existence. Du reste les pré-existentialistes, qu’il s’agisse de Montaigne, Pascal ou Kierkegaard avaient tracé la voie avec des « Mémoires », « Pensées », « Miettes philosophiques » ou « Riens philosophiques ». Après avoir porté le verbe haut, la philosophie se veut « voix de fin silence ».

C’est pourquoi le roman existentialiste diffère profondément du roman classique qui campe des types et vise au général tandis que le roman existentialiste décrit le singulier qui seul existe. C’est dire que l’existentialisme est aux antipodes d’une science de l’homme car s’il n’y a de science que du général alors l’homme, ou plutôt l’existence humaine ne peut en être l’objet. Point donc de philosophie de l’homme, de morale dogmatique car l’existentialisme choisit d’enraciner l’interrogation philosophique dans l’existence elle-même saisie dans son ambiguïté vécue. C’est pourquoi elle se pense nécessairement dans l’inachèvement car elle s’origine dans la singularité humaine vécue et non dans une totalité universelle absolue qui serait « l'Homme ». Confronté à un monde absurde que n’organise ni un Dieu, ni une Nature ou une Raison, l’homme se fait à partir de ce rien qu’il est puisqu’il est privé de toute nature, sans l’être.

Aussi est-il nécessairement responsable de ce qu’il se fait être, il est seul, sans excuse, jeté dans le monde où il est « condamné à être libre »

On ne s’étonnera donc pas que l’existentialisme ait fait scandale et il n’est que de relire les humoristiques pages de Boris Vian relatant la conférence de Jean-Sol Partre dans « L'écume des jours » pour s’en persuader.

Dénoncé comme pornographique, immoral et pervers par ses détracteurs, l’existentialisme par la voie de ses romans est qualifié « d’ordure » et le titre provocateur et ambigu de la « Putain respectueuse » en pourrait être une confirmation comme du reste « La nausée ».

Dès lors on peut se demander si cette pièce présente un intérêt philosophique car à première vue ni le genre littéraire, ni le thème ne s’y prêtent, à moins qu’il ne s’agisse que d’une mode provocatrice. Plus largement l’existentialisme n’est-il qu’une poussée d’acnée ? A-t-il des racines ou n'est-ce qu’un « gros champignon » surgi de nulle part ?

Enfin au nom de quoi fait-il l’objet d’une critique aussi acerbe ? Celle-ci est elle d’ordre purement philosophique ou est-elle le signe de quelque introuvable motif relevant de la mauvaise foi ?

Comment l’existentialisme, y répond il? La « Putain respectueuse » peut elle être conçue comme une réponse possible valide et légitime? Telles sont les questions qui occuperont cet essai.

 

Plan

  • Entrée en matière
  • Glossaire

I -  Prérequis philosophiques

  1. La philosophie essentialiste
  2. La philosophie existentialiste : thèmes et questionnement

a)         Qu’est-ce qu’exister ?

b)         Le drame de l’existence

c)          L’angoisse existentialiste

d)         Autrui.

e)         Qu'est-ce l’homme ?

f)           La liberté.

II -  La « Putain respectueuse » : mise en perspective philosophique

1. La mauvaise foi

2. Le conflit des consciences face à la néantisation de la mauvaise foi.

3. La bêtise

4. Condamné à être libre

5. L ‘énigme

6. L’authenticité

 

  • En guise de conclusion
  • Citations
  • Bibliographie

 

GLOSSAIRE

1)         Absurde : de surdus : sourd, discordant. Qui n’a pas de sens ;pas de raison d’être, mais auquel l’homme doit en donner un.

2)         Aliénation : alien : étranger, autre. Processus par lequel l’individu s’apparaît comme étranger à lui-même. Perte de liberté.

3)         Angoisse : Sentiment éprouvé devant la responsabilité qu’induit la liberté absolue de l’homme.

4)         Autrui : De alien : L’étranger, le différent qui est la condition de la conscience de soi, mais en même temps le négateur de ma libéré.

5)         Conscience : Connaissance grâce à laquelle l’individu appréhende le monde et lui-même. La conscience est ouverte sur l’extérieur, elle est changement, devenir.

6)         Contingence :Ce qui arrive par hasard, ce qui peut ne pas être. Opposé à nécessaire.

7)         Déterminisme : Théorie selon laquelle tout le réel est un ensemble de causes et d’effets nécessaires. Opposé à liberté.

8)         Devenir : Passer d’un état à l’autre, changer, ce qui a une histoire, devient dans le temps. Différent de « être ».

9)         Engagement : L'homme étant libre, il est responsable de ses choix et ainsi engagé dans le monde.

10)    Etre-en-soi : Chez Sartre désigne tout être dépourvu de conscience, incapable de se constituer en objet de réflexion.

11)    Etre-pour-soi : Ce qui existe en étant témoin de soi, donc pourvu d’une conscience. Le pour-soi est engagé dans le devenir, c’est pourquoi « il est ce qu’il n’est pas tout en n’étant pas ce qu’il est »

12)    Essence : Ce qui fait la nature d’un êtrede façon permanente. Différent de accident. Différent de existence.

13)    Existence : Ce qui devient, se tient hors de, devenir et temporalité. Chez Sartre l’être devient d’abord, c’est pourquoi l’existence précède l’essence.

14)    Facticité : Caractère de ce qui existe de façon contingente, sans justification. D’où le sentiment d’angoisse d’un être condamné à être libre.

15)    Intentionnalité : Désigne le fait que la conscience vise toujours un objet et lui confère un sens selon la façon dont elle se rapporte à lui.

16)    Liberté : Désigne le fait que l’homme soit sans raison d’être, ni justification, ni excuse, de sorte qu’il choisit, même s’il le nie, ce qu’il veut être.

17)    Mauvaise foi : Fait que l’individu croit aux raisons sans fondements, qu’il donne de ses actes afin d’échapper à la responsabilité de sa liberté.

18)    Néant / Néantiser : L’individu n’est rien, et c’est à partir de ce néant, sa pure contingence, qu’il existe. Acte par lequel j’aliène autrui en en faisant un objet de ma conscience qui ainsi le transcende.

19)    Projet : Fait que l’homme soit jeté devant soi de sorte qu’il existe afin d’être au sein d’un processus sans fin.

20)    Situation : Ensemble des conditions (culture, pays, époque, naissance...) que l’individu rencontre dans le monde, mais auquel il confère un sens.

21)    Transcendance : Désigne la capacité de la conscience à tendre vers un au-delà d’elle même. Toute conscience se transcende mais transcende aussi celle d’autrui, ainsi aliénée.

 

I - PRÉREQUIS PHILOSOPHIQUES

1.         La philosophie essentialiste

Afin d’envisager l’ampleur du bouleversement que fut l’existentialisme dans la conception de l’homme, du monde et de leurs relations un aperçu de ce à quoi il s’oppose, afin de se poser, lui même s’avère nécessaire.

Rappelons qu’il existe trois types d’existentialisme : théologique : lequel origine l’essence de toute chose en Dieu ; conceptualiste : l’enracinement étant en ce cas en l’homme ; enfin phénoménologique :

L’essence qui non seulement précède l’existence mais aussi la rend possible, puisque celle-la en est le développement, repose sur la distinction entre l’intelligible et le sensible lequel s’avère une dégradation des essences ou Idées qui sont le modèle de toutes choses. L’essence en effet s’amoindrit en chacune de ses incarnations, comme l’ont soutenu Platon et ses épigones, qu’on songe notamment à la théorie des hypostases chez Plotin, elle même issue de la « Caverne » exposée au livre VII de la République de Platon! où celui-ci s'emploie dans cette image à faire comprendre la dégradation conjointe de l’être et de la connaissance dès lors que l’Idée ou Essence n’est plus saisie que dans ses multiples apparences. Saisie au point extrême de son exténuation l’Idée demeure cependant ce qui fait de l’être ce qu’il est, ce qui fait par exemple qu’un corps est qualifié de beau, ou une action de pieuse. L’essence permet donc de juger, d’évaluer les existants.

De là découle une morale fondée sur les caractères essentiels de l’homme, abstraction faite de leur indice existentiel. Vivre moralement sera donc vivre selon l’essence d’homme. Mais bien sûr le point crucial est de savoir en quels termes il faut penser l’homme ? Qu’est-ce qui fait d’un homme un être humain ? Sommes-nous doués d’un instinct divin nous rendant susceptible de savoir ce que sont le Bien et le Mal ? Ces valeurs sont elles des réalités ou des abstractions vides de sens ? Penser l’homme en terme d’essence n’est il pas contraire au sens même de la morale qui s’origine dans les choix d’un être conscient, libre et responsable ? Or qu’en est-il de ma liberté dès lors que mon agir est déterminé par ma nature ?

La théologie chrétienne n’aura pas d’autre perspective, elle qui emprunta ses concepts au vocabulaire grec, et consacra Dieu comme le paradigme de l’être en tant qu’être. Lui dont toute vie, vérité, beauté proviennent comme en témoigne la création , Lui dont toute créature tient sa nature en tant qu’image de ce créateur à la ressemblance Duquel il se doit d’advenir. Chaque être portant la trace de Dieu, exister signifie dès lors actualiser ce qui est plus intérieur à lui-même que lui-même, à savoir sa filiation divine.

Et ce n’est pas seulement en chaque individu que se dit la divine création, l’histoire toute entière en porte la trace en vertu de l’orientation que ses diverses manifestations dont la plus remarquable est la venue de ce fils devenu homme, ont donné au cours de l’histoire humaine. De cyclique celle-ci conçue comme linéaire, continue, cumulative est devenue l’objet d’une eschatologie. Ainsi est-ce à l’échelle de l’humanité toute entière que l’Un, l’Etre, l’Essence, autant de concepts pour dire Dieu, président à partir d’arrières mondes transcendants à la destinée d’une humanité qui se croit libre car elle est ignorante des causes qui la déterminent.

Et même si le XVIII" siècle marque une distance critique à l’égard de la théologie et des institutions ecclésiales, il n’en demeure pas moins que l’idée d’une essence précédant et rendant possible l’existence tant individuelle que collective, persistera sous la forme de l’idée de Nature chez Kant, laquelle emprunte la voie tortueuse de l’insociable sociabilité de l’homme pour réaliser ses desseins, ou sous celle d’Esprit chez Hegel, pour qui la Raison use (voire abuse) de ruses afin de se réaliser dans l’Histoire. Autant d’avatars de l’idée d’un Dieu omnipuissant, omniscient, artisan génial d’une nature humaine que tout être ne peut que réaliser, du moins est-ce en ces termes que Sartre fera l’analyse du génial horloger ou architecte hérité des philosophes du XVIII” siècle. Reste à savoir à quelles limites se heurte une conception qui substitue souvent des préjugés au vécu du pratiquant sincère qui emprunte la voie difficile qu’un homme que même Nietzsche a admiré, emprunta. Mais ceci est un autre débat. Cependant s’il est nécessaire de le rappeler c’est parce qu’au début de

« L’existentialisme est un humanisme » Sartre n’hésite pas à dire que l’existentialisme qu’il promeut, à savoir athée, est pour cette raison plus authentique, plus sincère et légitime que l’existentialisme chrétien des Mounier, Blondel ou Laberthonnière.

Ce rappel ayant été fait, reste à exposer en quoi consiste l’existentialisme.

 2.         La philosophie existentialiste?

a)        Qu'est-ce qu’exister ?

La philosophie existentialiste repose sur la distinction première entre l’existence et l’essence et le principe selon lequel l’une précède l’autre.

L’existence, l’ex-istence consiste à se tenir « hors de », mais hors de quoi ? De l’essence justement, que Sartre qualifie de moite intimité gastrique. En effet alors qu’en Dieu seul existence et essence coïncident selon la façon dont Il se nomme Lui-même dans |’ Ancienne Alliance « Je suis qui je suis », (celui qui suit, qui sera ) en l’homme gît une déchirure, un entre-deux. Mais on peut soit interpréter celui-ci comme l’éloignement indéniable de la créature à l’égard de son Créateur, soit comme la non coïncidence de soi à soi dans laquelle justement s’origine l’absolue liberté humaine. Or là naît l’angoisse car si rien ne préside à mon existence, si rien ne lui donne sens et signification hors de moi alors je m’apparais comme radicalement contingent et je m’étonne d’exister, autrement dit je fais l’expérience de cette fissure que les architectes nomment étonnement, dans un édifice. « L’improbabilité infinie, douloureuse de la suite d’évènements fortuits qui me firent naître et en même temps la conscience de l’être irremplaçable que je suis » voilà, selon Bataille à quoi est affronté l’existant qui prend conscience d’exister, voilà ce qui explique la nausée qu’éprouve Roquentin lorsqu’il découvre que les choses existent et ne sont pas seulement des objets de pensée.

Qu'est-ce donc qu’exister ? La réponse s’avère aussi difficile, puisqu’on se saisit l’existence que dans l’existant, que lorsqu’on s’interroge sur ce qu’est le temps. Dans les deux cas comment créer la distance requise pour faire du vécu un objet de pensée alors qu’elle le présuppose ? Cependant on peut caractériser l‘existence à partir de ses conditions de possibilité, à savoir le mouvement ou l’acte par lequel l’individu se tient hors de, c’est-à-dire devient. L’existant n’est pas, il devient et l’existence n’est pas un fait mais un acte qui produit des modifications jouant le rôle de causes dans un changement permanent de l’existant. On ne peut donc dire de l’homme qu’il existe car il est le seul chez qui l’essence et l’existence ne coïncident pas à la différence des plantes, des animaux, ou des choses dont l’existence ne diffèrent pas de l’essence.

Dans un passage célèbre de « L être et le néant » Sartre expose qu’alors que le cendrier est cendrier et pas autre chose, le garçon joue à être garçon de café sans l’être et c’est précisément dans ce jeu (comme une porte peut jouer) que s’origine la liberté.

Mais tous les hommes n’existent pas pleinement car ils sont menés par on. Seul existe celui qui se choisit librement, qui se fait, qui est sa propre œuvre. Comme l’écrit Simone De Beauvoir dans « L'âge de raison » (p.18) : « Je voudrais ne me tenir que de moi-même »

Par ailleurs on n’existe pas comme on naît, une fois pour toute, il ne suffit pas de l’avoir choisi, car se stabiliser dans le type qu’on a choisi c’est cesser d’exister pour être. Donc pour exister il faut sans cesse advenir en choisissant parmi les possibles que nos actes font surgir. C’est pourquoi l’existence est transcendance, dépassement de ce qu’on est.

Ainsi choisit-on son essence en choisissant son personnage, mais l’essence est dès lors postérieure à l’existence. C’est pourquoi « L’existence précède l’essence ».

On objectera pourtant que l’homme dépend de chromosomes qui lui confèrent une hérédité qui le détermine, qu’il naît en un lieu, temps et contexte, l’homme est donc bien dans le monde, il est là (dessein) en situation, dans des rapports déterminés à autrui, mais c’est ce qui fait que la conscience est toute entière ouverte sur l’extérieur, « toute conscience est conscience de » (Husserl) , elle n’est pas cette pure intériorité fermée sur elle-même qu’imaginait la philosophie classique (Descartes). Mais elle échappe au déterminisme par le fait de choisir la signification qu’elle va donner aux situations, je peux être fier ou honteux d’être fils d’ouvrier, ou nègre, ou arabe, je peux accepter un dictat ou me révolter… Je choisis donc la façon dont j’assume une situation qui, quel que soit le cas de figure, est mienne.

De la sorte on substitue la détermination au déterminisme en conférant un sens à ce qui paraissait indépendant de moi. Ce que le monde est pour nous dépend de nous et c’est là le vrai monde, celui qui me devient familier voire amical, en tout cas signifiant. En créant le monde nous nous créons et réciproquement. La conscience ne se choisit qu’en choisissant ce que le monde sera pour elle.

b)        Le drame de l’existence.

L’existentialiste vit sa pensée, mais pour vivre une vérité encore faut-il avoir une certaine intelligence du monde. Mais nos interrogations demeurent sans réponse, du moins celles que nous ne pouvons maîtriser conceptuellement, c’est à dire déduire ou construire. Ainsi en est-il de la question de nos origines et de notre existence même :

— Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? — Pourquoi suis-je ainsi, ici, en ce temps ?

Il y a donc une irrationalité foncière de tout le réel, que le recours à Dieu ne résout pas. Le réel n’est pas rationnel comme s’était ingénié à le démontrer Hegel.

 

 c) L’angoisse existentialiste.

L’absence de normes, de valeurs, d’idéaux génère une angoisse liée à la liberté du choix et à ma responsabilité. Tout monde idéal étant une chimère de l’esprit (cf philosophie essentialiste), l’existentialiste est confronté au paradoxe de devoir choisir sans aucun critère de choix, sans étalon, en vertu des fins qu’il se propose et qui s’originent dans la conscience que l’on a de soi. Comme conscience je suis liberté. Cependant si agir librement consiste à agir sans motifs, sans idéal préalable, si tout dans notre vie psychique est liberté, alors cela n’annule-t-il pas la liberté ? Notre liberté n’est-elle pas celle du tournebroche ignorant des causes qui le déterminent ? Si la liberté ne consiste pas à se déterminer en fonction de motifs rationnels, si elle se rattache à une activité instinctive alors la liberté existentialiste n’est que la spontanéité du vivant.

Mais deux sentiments prouvent notre liberté et nous en donnent une connaissance indirecte, c’est l’angoisse et la responsabilité. Dans la mesure où je déplore une situation, je la reconnais et elle existe pour moi. Vivre la honte de l’occupation ennemie n’est pas une conséquence de ma nature biologique mais (et donc) un choix. C’est pourquoi j’en suis responsable.

Enfin le choix est source d’angoisse car nulle norme n’y préside, on est seul à décider et les conséquences sont nôtres.

d)        Autrui.

Quels rapports existentiels est-ce que j’entretiens avec autrui ? Tout être n’existe que dans la mesure où il existe pour moi, c’est à dire qu’il constitue un élément de ma situation dans le monde, de mes projets. Mais ceci étant réciproque, le conflit est inévitable ainsi qu’en témoigne la pièce de Sartre « Huis clos ». Le monde qui existait pour moi m’échappe dans la mesure où il entre dans la représentation d’autrui. Bien plus autrui me subtilise mon être, me subtilise ce que je projette d’être en me jugeant d’après les apparences, ses critères et mon passé ; il me cantonne à un en-soi qui n’est pas moi ; il s’oppose à mes projets pour privilégier les siens ; il me fait ; je me transforme pour lui en un objet, un outil, un moyen et suis classé parmi ses choses selon une hiérarchie. D’où le sentiment de honte par exemple, sentiment « d’être un objet, de me reconnaître dans cet être dégradé.….que je suis pour autrui ». L’essence du rapport à autrui, n’est pas d’être avec, mais le conflit. En termes philosophiques on dira que le pour-soi rencontre dans le monde d’autres consciences de sorte que la situation du pour-soi comprend l’existence d’autrui (cf. Huis clos). Le pour-soi s’éprouve en tant que pour-autrui par l’existence du regard. Autrui c’est le non- moi. Le regard d’autrui m’objective, transcende ma transcendance, me dépossède du monde. D'où une relation originairement conflictuelle, mais cependant non éternelle, car la réciprocité possible des consciences induit la reconnaissance des libertés. Chacun veut exister, c’est à dire réaliser le projet d’être soi et même l’amour ne résiste pas à cette volonté de puissance. L’amoureux aspire à voir le toi se fondre dans son moi, qui n’ayant plus d’objet à désirer est renvoyé à sa solitude. Les amoureux sont donc en conflit. Et on se sort pas de l” aporie que l’autre est toujours en trop, et comme on est toujours l’autre de l’autre on est en trop. Nous ne pouvons ni comprendre autrui ni en être compris à moins de disparaître en tant qu’autrui, en tant que moi.

e) Qu'est-ce l’homme ?

À la fois un corps: qui est l’intermédiaire grâce auquel je perçois le monde, donc la condition de possibilité de la conscience. Ce qui va à l’encontre de la thèse spiritualiste de l’âme incorporelle ; et une conscience c’est à dire une présence à soi et au monde. L’homme est ce par quoi et pour quoi il y a un monde sans lequel la conscience est vide de contenu.

De la sorte je ne connais pas ce que je suis, puisque je ne suis rien, les objets m’annoncent seulement ce que je ne suis pas.

f)          La liberté.

Définie comme non coïncidence car l’homme est toujours transcendance, au-delà, projet, inachèvement, inadéquation, l’espace de liberté est Jeu au double sens du terme, élan aveugle échappant à tout calcul rationnel. « La liberté consiste dans un coup d’audace qui choisit l’incertitude objective avec la passion de l’infini » (Kierkegaard Post-Scriptum })

Mais face à l’indétermination des possibles la liberté se vit comme angoisse car exister c’est se projeter vers l’avenir en s’arrachant à l’immanence de l’être et en reconnaissant des valeurs qui n’ont pas d’autre origine que le pour-soi.

Aussi la liberté s’accompagne-t-elle de cette mauvaise foi qui est le mensonge à soi grâce auquel la conscience fuit la liberté et l’angoisse en définissant les valeurs comme des être-en- soi, ne relevant pas de sa responsabilité. Les valeurs (ne) sont (que) des propositions faites à la liberté par la liberté.

La liberté est caractérisée par une radicale contradiction puisqu'elle est à la fois contingence, (elle peut s’aliéner dans la mauvaise foi), et absolue, nécessaire. Aussi « l’homme est-il condamné à être libre » puisque même aliéné il se choisit tel. (cf. Chemin de la liberté. 1945- 49 I. IL. IL IV)

La situation dans laquelle surgit la liberté définit non pas ses limites mais sa facticité (condition de fait) je ne choisis pas ma situation hic et nunc, mais je décide du sens que je vais donner à cet ensemble de faits, qui constituent ma situation dans le monde.

De même c’est par le pour-soi qu’advient la temporalité dans le monde (et non le temps) car il n’y a d’histoire que dans la réalité humaine. Le passé est facticité, Je ne puis être autre chose que ce que je me suis fait, ce qui constitue mon essence, « L'existence précède l’essence ». J’existe mon présent comme pour-soi, je suis mon passé comme en-soi. Le présent est insaisissable puisque passé ou tendu vers l’a-venir, le pour-soi est donc toujours ailleurs. Il est être et néant, à la fois unité et dispersion en tant que projet, transcendance.

Entre l’en-soi qui est la parfaite coïncidence de l’Etre avec lui-même et l’être-pour-soi, issu de l’arrachement par quoi l’Etre se néantise de sorte qu’il n’est qu’une réalité immédiate non justifiable, gratuite, de trop, il y a une dualité irréductible, et la tentation de nier le pour-soi en le réduisant à un illusoire en-soi est grande lorsque l’on veut goûter une liberté qui même illusoire permet d’occulter la conscience déchirée d’un être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas. Munis de ces quelques réflexions liminaires nous pouvons à présent tenter de comprendre comment une pièce telle que « La P. respectueuse » est la mise en scène d’une philosophie en acte.

 

II -  LA "PUTAIN RESPECTUEUSE" : MISE EN PERSPECTIVES PHILOSOPHIQUES

1.         La mauvaise foi.

La philosophie de Sartre est une philosophie de la subjectivité, il part du fait de la conscience. Mais quelle est sa nature ?

Sachant que l’existence de la conscience précède son essence elle n’a pas de fondement déterminé et doit sans cesse justifier sa place injustifiée dans le monde. Dans cette mesure, puisque injustifiée, sa place ne peut être qu’arbitraire, aussi ne pourra-t-elle justifier sa situation qu’en étant de mauvaise foi, c’est-à-dire en alléguant des raisons en lesquelles elle ne croit pas mais qui lui permettent de sortir d’une mauvaise situation, sans s’en reconnaître responsable.

L’homme de mauvaise foi croit et ne croit pas à la fois à ce qu’il dit.

Ex. : Clarke et Fred incarnent des personnages de mauvaise foi puisqu'ils allèguent, la famille, la patrie. pour persuader Lizzie de mentir, ils n’y croient pas eux-mêmes. Fred croit-il qu’il incarne la droiture alors qu’il fait de Lizzie sa concubine ? ou lorsqu’il la qualifie de « Diable » ?

Clarke peut-il être de bonne foi alors qu’il est séduit par Lizzie ?

La sexualité fait éclater les faux prétextes et sert de révélateur à la mauvaise foi.

Lizzie n°y échappe pas lorsqu’elle accuse le Nègre, sachant que les motifs allégués (la mère de Thomas, son chagrin, sa reconnaissance) sont fallacieux.

Le Nègre non plus puisqu'il argue du pouvoir du blanc insurmontable, quasi diabolique, pour justifier sa situation de victime.

2.         Le conflit des consciences.

D'autre part la conscience à pour condition la néantisation, c’est à dire l’abstraction ou transcendance des objets, car si la conscience n’échappait pas à son objet, elle se confondrait avec lui et n’existerait plus.

Donc il y a nécessairement lutte à mort entre les consciences. La conscience est un prédateur traqué, puisqu’elle transcende les objets pour en prendre conscience. Elle ne peut donc saisir les autres consciences qu’en les niant, c’est-à-dire en ne se confondant pas avec elles. Or c’est pour nier l’échec et le conflit qui lui sont inhérents que la conscience recourt à la mauvaise foi.

Ex. : Lizzie ne veut pas être touchée par le nègre. Ce qui est le signe de cette défense de la conscience qui pour exister doit néantiser son objet, c’est à dire affirmer son altérité afin de rester même face à l’autre. Mais paradoxalement dans la mesure où elle nie son objet elle le reconnaît.

: Fred, Clarke, établissent une barrière entre Blanc et Noir, afin d’éviter d’être néantiser à son tour. Le noir est par conséquent réifié.

1A : Le Nègre accepte la néantisation comme un fait auquel il ne peut échapper.

: Lizzie est néantisée par Fred lorsqu'il en fait sa concubine, il réduit son pour--soi à son en-soi, puisqu'il la cantonne dans son rôle de putain qui devient sa nature même.

: Lizzie néantise Clarke lorsqu'elle dévoile la mauvaise foi de ses motivations, l’homme de devoir est en fait un lâche, incapable de sentiments authentiques.

: Lizzie néantise Fred qui prend conscience d’une sensualité refoulée et qui s’en défend par la mauvaise foi arguant du caractère diabolique de Lizzie.

Corrélativement, face à la néantisation, les personnages se défendent par la mauvaise. foi.

Ex. : - Fred apaise les conflits de sa conscience avec Lizzie en en faisant sa concubine, car une putain fait partie du statut social d’un homme important.

  • Clarke de même, en convainquant Lizzie de mentir sous prétexte qu’elle soulage une mère.
  • Lizzie de même, en se laissant convaincre par ces prétextes auxquels elle ne croit pas.
  • Elle est sincère avec le Nègre puisqu’en ce cas elle opte pour la justice et la vérité, bien qu’elle les sacrifie à la mauvaise foi.
  • Le Nègre est en deçà de ces conflits car il affronte une question vitale

 

  • 3.         La bêtise.

Les objets ne s’interrogent pas, c’est pourquoi ils n’ont pas de conscience et ne courent pas le risque d’être niés, contredits, réduits à leur insuffisance. Ainsi n’ont-ils pas conscience de leur néant, et sont donc inaccessibles au doute et à l’angoisse. Néant et conscience vont ensemble (Savoir qu’on ne sait rien c’est savoir qu’on peut être néantisé par une autre conscience et par conséquent éprouver doute et angoisse.) ( L’ultime néantisant étant Dieu.) C’est pourquoi être bête c’est ne pas saisir le néant de sa propre intelligence, ne pas s’angoisser, ne pas douter de soi-même et ainsi se priver de toute chance de dépassement. (D’où l’ironie comme dimension nécessaire de l’intelligence.) Etre « nul » c’est pouvoir se dépasser soi-même et c’est être libre, car la liberté c’est la capacité de pouvoir néantiser les choses, s’en désengluer, décrocher de leur nécessité, ce qui explique qu’il faille néantiser autrui pour pouvoir exister, mais la première et la plus difficile néantisation c’est celle de sa propre conscience.

Ex. : Clarke incarne la bêtise, inaccessible au doute et à l’angoisse il incarne l’ordre, il est aliéné à ce déterminisme du monde.

Sans conscience de sa nullité son pour-soi est englué dans son en-soi. Il est comparable à un objet.

: Le Nègre est lui aussi englué dans un déterminisme qu’il cautionne puisqu'il s’y soumet. Il respecte lui aussi l’ordre.

T1 : Fred doute, s’angoisse face à son désir il prend conscience de ses contradictions, il a conscience d’être libre : « Je ne peux pourtant pas me damner pour une pute ». La transcendance est possible mais non effective. Il hésite pour finalement retourner à sa bêtise.

: Lizzie est le personnage le plus conscient par son statut de prostituée qui la renvoie sans cesse à son néant, mais avec le risque qu’elle s’y identifie. C’est pourquoi tour à tour elle s’en désenglue, doute, s'inquiète, choisit, mais se laisse rattraper par un déterminisme, l’ordre qui lui procure la tranquillité de sa conscience pour un temps.

4.         Condamné à être libre.

Les actions et décisions de la conscience ne sont pas déterminées par des causes mais par des motifs qui sont des estimations libres de l’importance et de l’intérêt d’une situation. Toute décision est en fait toujours libre choix, projet. Donc la conscience est toujours dans le possible et l’avenir et c’est en vertu de celui-ci qu’elle se fait un présent. L’homme est donc « condamné à être libre » car il est sans justification d’une part et projet d’autre part. Or en prétendant fonder sa liberté sur autre chose qu’elle même, la conscience est de mauvaise foi.

Ex. : Clarke estime que l’ordre, la sécurité, la sauvegarde des valeurs justifient la mort du Nègre (bien qu’il se présente comme le serviteur des valeurs qui le transcendent). Pourquoi y croit-il lui qui voudrait séduire Lizzie ?

: Le Nègre accorde à l’ordre blanc une valeur telle qu’il ne peut qu’en être la victime. Il n’obéit pas à une cause déterminante, mais il lui confère cette valeur, pourtant il se dit victime.

: Fred choisit de coucher avec Lizzie, mais refusant ce choix, il le rapporte à un déterminisme diabolique. De même se fait-il le défenseur de valeurs morales agissant comme des causes alors qu’il estime la défense nécessaire pour devenir Fred.

: Lizzie se choisit prostituée, mauvaise, diabolique puisqu’elle se soumet à un ordre dont elle tirera profit afin de se donner une image de respectabilité. Cependant elle avait le choix entre différentes options en vertu de son estimation :

  • choix de la vérité et de la justice contre le mensonge afin de devenir la Défenderesse du Bien, mais elle renonce à affronter les menaces et les risques.
  • choix d’être une bonne fille et de jouir de la reconnaissance des bourgeois au prix de la vérité afin de devenir la Fille de et de jouir d’une identité, mais sa conscience de la mauvaise foi de l’autre l’en empêche.
  • Choix de résister en affrontant la mort, de façon à assumer et défendre sa liberté, mais elle recule devant le risque de mort.
  • choix de la respectabilité (fallacieuse), de la sécurité, de l’ordre au prix de la vérité et

de la liberté afin d’intégrer l’ordre blanc, mais elle choisit d’adhérer à sa facticité : née en Amérique, sans famille, prostituée, chassée, vivant dans un ordre établi.

 Elle choisit de se réduire à sa facticité c’est-à-dire de se nier en tant que pour-soi. Et du reste tous les personnages le choisissent.

5.         L ‘énigme.

Le texte est donc l’histoire de la conscience impuissante à échapper à sa facticité, par choix.

Ex. : Clarke veut que Lizzie accepte d’accuser le Nègre de son plein gré. Donc il veut qu’elle soit responsable de son acte et agisse indépendamment de lui, mais en même temps il veut qu’elle lui obéisse. Donc il récuse sa transcendance en la niant.

: Fred se culpabilise d’éprouver du plaisir et veut s’en disculper aux yeux de Lizzie et en même temps aux siens, donc il la compare au diable. S’il est agi par le diable il n°est pas responsable. Mais il veut être reconnu dans sa sexualité, illèst dans l’image virile qu’il veut imposer, donc il lui demande avec insistance si elle a éprouvé du plaisir. C’est pourquoi il l’installe dans une certaine respectabilité qui rend son plaisir à lui acceptable et justifié par le fait qu’elle lui sera redevable en fonction de sa nouvelle situation. Donc il transforme son désir de jouissance en reconnaissance voulue par Lizzie.

: De même Clarke transforme la trahison qu’il exige de Lizzie en reconnaissance qu’elle manifeste pour la mère de Thomas. Ainsi répond-il à un besoin à elle de reconnaissance, de la sorte il sauvegarde l’ordre et satisfait Lizzie.

: Lizzie transforme son désir de respectabilité en obéissance, soumission à un ordre établi, à une puissance insurmontable.

: Le Nègre transforme sa passivité en soumission au déterminisme de l’ordre. . n? . . F à A Mais on est jamais condamné à un rôle.

Peut-on dans ces conditions être sincère ?

6.         L’authenticité.

Le premier pas vers l’authenticité consiste à reconnaître que nous jouons à être. Le jeu consiste à être pour autrui ce que l’on a à être devant lui, c’est-à-dire ce qu’il attend de nous. On n’est pas ce qu’on joue à être. Le sérieux c’est de prétendre être ce que l’on joue. C’est transformer un rôle en une personnalité, ce qui est de la mauvaise foi.

Qui sommes-nous donc ? Celui qui se dit « méchant » l’est (puisqu'il le dit) et ne l’est pas (puisqu'il se dénonce comme tel). On n’est donc que par et pour autrui ce qui rend autrui insupportable (cf Huis Clos).

Ex. : Lizzie est une putain de profession aux yeux des autres, mais n’est-elle que cela ? Pour Clarke : elle est une bonne fille qui fait son devoir, facile à manipuler et elle joue ce rôle. Mais il n°y croit pas.

Pour Fred : elle est une tentatrice, le Diable.

Pour le Nègre : un refuge possible, quelqu’un de confiance, une révolutionnaire, une victime. Pour elle-même : une bonne fille, une révolutionnaire.

Qui est Lizzie ? Aux yeux de qui ? Qui joue-t-elle à être ?

Ex. : Clarke prétend être juste, agir au nom d'intérêts supérieurs, avoir une conscience morale, incarner le Bien, la loi, l’ordre. II est agi par des intérêts supérieurs, en fait il incarne la volonté de puissance.

: Fred veut être Thomas et être un chef, un américain utile... Mais cette prétention intervient à la fin, après quelques tâtonnements.

: Lizzie hésite, elle veut être une bonne fille, respectable, aimée, reconnue et accepte le prix à payer, le mensonge, l'injustice, la liberté, en quoi elle est rattrapée par la mauvaise foi.

 

 

EN GUISE DE CONCLUSION

Pour échapper à l’angoisse de sa liberté, et à l’aliénation à l’égard des autres, l’homme recourt à la mauvaise foi car il est incapable d’assumer la facticité de sa situation et de gérer sa propre transcendance, la liberté se fait alors de mauvaise foi.

La mauvaise foi apparaît dès qu’on prétend être ceci ou cela ou avoir telle ou telle qualité objective, c’est-à-dire se réduire à un en-soi en quoi on pouaättavoir foi. Chacun veut être ceci ou cela, croire qu’il est porteur d’un sens, d’une tâche, et en persuader autrui.

À contrario l’authenticité veut que l’on laisse à l’angoisse, la souffrance, l’échec leur pouvoir propre de dévoilement.

 

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CITATIONS

« L’homme est condamné à être libre » ( Chemins de la liberté. 1945-49 ) voir glossaire : engagement, liberté, projet, situation.  

« L'existence précède l’essence » ( Sartre : L'existentialisme est un humanisme. 1945 ) voir glossaire : en-soi, pour-soi, essence, existence.  

« Je m’effraie et m'étonne de me voir ici plutôt que là, car il n’y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors » ( Pascal ) voir glossaire : angoisse, contingence, devenir, facticité.  

« Celui qui philosophe … est en proie au réel : il ne s’habituera jamais au fait d’exister ;

l’existence est inséparable de l’étonnement. » ( Gabriel Marcel : Du refus & l'invocation) voir glossaire : absurde.  

« Comment ne pas être ramené au grand mystère de sa propre existence par l’étonnement

même qu’il cause à tout être pensant ? » ( Maine de Biran) voir glossaire : conscience, intentionnalité, transcendance.  

« Je voudrais ne me tenir que de moi-même. » ( Sartre : L'âge de raison) voir glossaire : déterminisme.  

« La liberté consiste dans ce coup d’audace qui choisit l’incertitude objective avec la passion de l'infini. » ( Kierkegaard : Post-scriptum aux miettes philosophiques) voir glossaire : aliénation, autrui, transcendance, mauvaise foi.  

« L’enfer c’est les autres. »

« Autrui est un intermédiaire entre moi et moi-même. »

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

SIMONE DE BEAUVOIR     

  • Le deuxième sexe

CAMUS

  • Le mythe de Sisyphe
  • L'étranger
  • L'homme révolté

KIERKEGAARD

  • Journal
  • Riens philosophiques
  • Miettes philosophiques
  • Crainte et tremblement
  • Traité du désespoir (Existentialiste chrétien protestant)

MARCEL

  • Journal métaphysique
  • Etre et avoir (Existentialiste chrétien catholique)
  • MONTAIGNE
  • Essais (1 > IV)

PASCAL

  • Les Pensées (« Existentialiste » chrétien catholique)

SARTRE

  • L'Etre et le Néant
  • L’existentialisme est un humanisme
  • Les chemins de la liberté
  • Situation
  • La nausée (roman)
  • Huis Clos (théâtre)

 

ANASTASIA SOLANGE CHOPPLET

Philosophe et conférencière

 

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