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Conférences de Solange Anastasia Chopplet
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24 mars 2021

LA SCIENCE ET LA RELIGION ?

LA SCIENCE PEUT-ELLE FAIRE DISPARAITRE LA RELIGION?

Telle qu’elle est formulée cette question présuppose tout d’abord que la religion pourrait disparaître et qu’il y aurait un intérêt à ce que la science règne en tant que modèle de vérité ; la religion étant ravalée au rang de superstition véhicule erreurs, illusions, voire mensonges. Cependant dans les faits, on note qu’il n’en est rien et même que les croyances religieuses sous la forme des nouveaux mouvements religieux sont en expansion, au point que dans les universités créationnistes américaines on confère plus de valeur de vérité au christianisme qu’au darwinisme, avis que partagent les témoins de Jéhovah, preuve s’il en est que la raison ne peut rien contre les croyances.

En tout cas le sujet suppose un antagonisme radical entre science et religion. Mais la religion est-elle exempte d’un savoir fondé sur l’exercice de la raison critique et la science est-elle exempte de toute croyance? Ne croit-on pas en la validité d’un axiome sans pouvoir le démontrer? Le scientifique ne présuppose-t-il pas l’intelligibilité de l’univers et n’espère-t-il pas trouver une réponse à l’origine de celui-ci? Or on observe qu’en l’occurrence science et religion posent les mêmes questions métaphysiques, n’y aurait-il dont  pas entre elle compatibilité de finalité?

 Certes, en droit et par principe la science pourrait et devrait comme l’escomptait Auguste Comte faire disparaître la religion en tant que reliquat d’un premier stade de l’intelligence humaine. Celle-ci aurait en effet créé des « dieux », c’est-à-dire de puissances transcendantes invisibles pour expliciter l’origine du monde, les phénomènes naturels et le destin. Et c’est du reste ce que les premiers physiologï remirent en question en élaborant des concepts abstraits, universels et nécessaires, tels que l’eau, l’air, le feu, Eros et veikos… pour comprendre les phénomènes naturels.

Epicure, Démocrite et Lucrèce, tous trois philosophes matérialistes mais non pas athées mirent cependant les dieux à bonne distance.

Et il faut dire que les ingérences de l’Eglise au moyen-âge et plus tard jetèrent le discrédit sur ses prétentions au profit de la science qui en élaborant des lois de l’univers mettait sa connaissance à portée de tous, et libérait l’homme de ses craintes, ignorances et fanatismes. Le « hors de l’église point de salut » fut inéluctablement suivi par le moderne « hors de la science point de vérité ».

Cependant cela ne fit pas disparaître les religions, loin s’en faut, les croyants se comptent par milliards. Mais y-a-t-il incompatibilité entre être scientifique et croire en Dieu?

L’histoire nous atteste le contraire de Platon à Hubert Reeves, en passant par Pascal. Pourquoi Dieu n’aurait-il pas créé le monde de telle sorte qu’il fut compréhensible à la raison humaine? Et après tout les incompréhensions entre elles ne peuvent-elles s’expliquer par des erreurs d’interprétations ou des enjeux d’ordre idéologique. Prenons le cas d’Adam et Eve, ne symbolisent-ils pas la question de savoir comment la vie (Ava) vient à la matière (Adama = la terre rouge)?

Et même si l’on répond comme Laplace le fit à la question de Napoléon et « Dieu dans tout cela? » « Monseigneur, je n’ai pas besoin de cette hypothèse » peut-on aller jusqu’à confier à la science la résolution des questions de sens de l’existence ; du pourquoi de ce qui est ; du comment vivre ensemble et vivre bien… La religion n’a-t-elle pas aussi le droit de proposer des réponses? Si on répond par la négative on tombe dans le même despotisme que l’on reprocha à la religion.

En outre il ne s’agit pas de confondre religion et superstition en arguant qu’on croit faute de pouvoir prévoir l’avenir et en absence de maîtrise des évènements, ou encore par faiblesse de la volonté, ou par désir de sécurité en l’absence du père.

C’est vite oublier que l’exégèse biblique s’est toujours appliquée à construire un discours critique et éclairé sur les textes sacrés, s’est interrogé sur les dogmes et les commandements, sur les épisodes de l‘histoire humaine à la fois pour leur conférer un sens et en tirer des « leçons », songeons à Caïn et Abel ; à la Tour de Babel, à la traversée du désert…

De son côté la science n’est pas, nous l’avons indiqué exempte de fondements qu’elle ne peut démontrer  pour etablir des résultats qui seront tenus pour vrais et confirmés par expérimentation. Ainsi, pose-t-elle que la suite des nombres est infini, tout comme le croyant assure que Dieu existe, l’un en déduira des calculs, l’autre une façon d’agir.

Du reste la science n’est pas si loin d’être elle-même un objet de croyance. Ne dit-on pas qu’on « croit » en tel ou tel vaccin? L’électricité ne fut-elle pas qualifiée de « fée » et n’y-a-t-il pas quelque chose de magique à appuyer sur un bouton et à obtenir de la lumière?

La science nous fait croire que le bonheur est possible, qu’elle est susceptible de satisfaire nos besoins et désirs ; devenir quasi immortel ; pouvoir remplacer des organes défaillants sans limites ; choisir son enfant ;  revivre après quelques temps de cryogénie… c’est du moins ce que nous promet le transhumanisme et dont s’empare la science fiction d’aujourd’hui, la réalité de demain.

La science comme la religion sont des miroirs de l’homme, un être de désir, doué d’imagination, fasciné par l’univers, inquiet de sa survie, préoccupé par sa finitude et se donnant les moyens de comprendre, humaniser, amadouer le monde dans lequel il est  jeté.

ANASTASIA CHOPPLET

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