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Conférences de Solange Anastasia Chopplet
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8 novembre 2023

EXPOSITION

Lors de l'exposition "Les arts sous les étoiles" le 26 août 2023 fut diffusé dans une installation le texte suivant portant sur le thème : le cosmos, la nature, le jardin.

 

 

Quant les hirondelles flottantes zigzaguent dans les rêves, des lucioles amoureuses couvrent les heures de la nuit quand l’olivier se décoiffe. Invariable, la nuit traverse les saisons et les années et les âges et les époques. Elle est l’origine dans la hauteur inapercevable de l’air et elle semble se rejoindre « elle-même » dans la mort. Elle est comme le rêve qu’elle apporte et qui nettoie la vigilance.
La nuit est le fond d’immanence, non scandée insaisissable, à partir duquel le jour vient surgir.

Brefs chants de la nuit, silence soudain de l’aurore, cantillation effrénée de l’aube, bruits du jour s’enhardissant jusqu’aux langues humaines. Mais juste avant que le disque solaire surgisse c’est un temps mystérieux de silence.

Pourtant n’entendez-vous dans le secret de la nuit
La radicule au creux du germe
Croître en radicelle
Etendre sa patte sur le bitume
Fixer  sa griffe sur la présence importune
Et fourbir son estoc vieillie
Contre ses invincibles ennemis ?

Le palétuvier a fui en des eaux glauques
La liane s’est faite haute
Pour voler au sommet des frondaisons propices aux oiseaux
Abandonnant  l’hommes à un milieu épleuré
Pleurant ses ailes reployées.

Et les sommets enneigés
Stérile blancheur poudrée et damnée
Dont le licken soudain refleuri
Arbore, victorieux
Les couleurs des cieux.

Orange sur mer, soleil couchant, clapotis de couleurs… l’ombre allumée d’une rose passe… dans l’épaisseur du temps une seconde parfumée sort de l’impasse.

) Le soleil se baguenaude entre rose, bleu et mauve
Dorade arc-en-ciel entre deux eaux.
Des îles sombres stagnent dans le ciel
Cerclées de lumière, transpercées de poussière mordorée.
Diamantée, pailletée d’or, perlée d’argent, l’émeraude se coule
Au long des creux, des bosses qu’elle oppresse.

Couverte par le chant ivre des abeilles, la coiffure de l’arbre ébouriffé, zonzonne dans cet orchestre haut perché.

Lueur lente, grains de rosée… Tellement sonore, l’écriture minérale… Légèrement posée, en lumière intégrale…

Entends-tu…
La musique des sphères
Qui ne chantent que pour ceux
Pour ceux dont l’âme pythagoricienne se réjouit de cette antienne?

Abstraits de toute finitude
Transcendants du nid terrestre la platitude
Ils tournent leurs regards vers les étoiles bleues
Ces fils au cœur généreux
A l’écoute de leur turbulente genèse
Ils captent un discours fascinatoire
Le discours d’une alchimie nucléaire
Murmurant que…
L’absence d’évidence n’st pas évidence de l’absence

Car aux confins du temps paradoxal
A l’ombre d’une lumière abstraite
Où respire encor le chant d’une symphonie inachevée
Un cri de lumière, un cri de mort
Résonne une fusion où le lointain devenu proche
Se laisse penser sous les oliviers.



Les giboulées paissent l’abondance d’un ciel gris vert. Le soleil fourbu brasse toute la journée.
Soudain l’heure souple s’est retournée, un livre vient d’entrer en hiver.

Hivers, orages, détresses, vagues qui engloutissent, rochers qui rompent la coque des vaisseaux, bourrasques qui déchirent les voiles qui les surmontent, angoisses qui paralysent les corps, qui poignent les ventres, qui serrent les gorges, voilà non seulement ce que nous traversons : voici où nous nous précipitons.

 L’aube des miroirs ou rivières sombres fabriquent des orages verts et de sourds horizons, où des flaques rouges s’y amoncellent.
Univers écarlate, tu offres aux vents essoufflés des âmes rieuses, avec les cordes frileuses de tes violoncelles.

Le ciel gonfle sa gorge de menaçantes nuées
Du bleu vire au gris
Les poumons enflés d’un souffle prêt à jaillir
S’échappant parfois, en avant-goût des grandes tornades

L’arbre le sait qui a tout vu, tout enduré
Il se prépare l’arbre, aux assauts réitérés
Aux assauts résistés
Un doigt pointé, dru vers le ciel
Il prend le pouls
Fanal décrépi il mènera l’orchestre des jeunes pousses
Ployées ou redressées sous sa baguette.

Tous se préparent

Les fruits s’agrippent
Sans honte du ciel riant
Des nuages éclatent  cette terre peureuse

Dansent les oiseaux, piquent, colin-maillardisent
Au gré des îles défaites
             éperdues
             métallisées
             bleutées
             goldées
De formes déformées
Sous la main venteuse des lyres célestes
Qui chantent aux arbres
Le théâtre du monde sur fond de roulements bruissants parmi les trembles.

 J’ai senti s’élever, m’envelopper en marchant, le parfum si épais qu’invente, diffuse, puis alourdit la pluie. Je me suis accroupi dans les odeurs enchanteresses, j’ai enfin ramassé (et fait un vœu sur le chemin de pierres) la première feuille d’érable.

 Gouttelettes de rosée, jouant au clavecin… calme ressac, un ciel orangé passe dans la serrure du temps, les premières secondes ensoleillées écoutent Bach jouant du matin.



 Dans l’allée au jasmin sans ombrelle la vacance prolongée d’une idée nouvelle pose son nez sur la vue imprenable d’un pamphlet, ô parfums rebelles !
Sur l’aube ondoyante, une allure chemine, à l’angle des jardins un nez se parfume, un couvent.
Le bleu résonne dans la cour d’un roman. L’haleine pourpre des grandes roses, ouvre une phrase avec les ailes du vent.

J’ai emprunté sous le soleil d’été
Le chemin clair s’arrondissant au gré du lac embrasé
Sable au pied saules en tête
J’ai esquissé les laies perçant les futaies
Leur étroitesse m’intimidait.

Alors, soleil en fête,
De ci de-là j’ai joué à cache-cache avec des froufrous
Se dérobant comme s’échappait le ballon des manèges
Qu’enfant je convoitais
L’eau se ridait d’un jet retombant en paillettes
Sous lequel des canards suivis de leurs souriceaux noirs
Rêvaient à midi d’un automne pour le soir
Les pères amerrissaient creusant des sillons
Parallèles aux poucettes qui sur le bord soupiraient d’être bateaux
Et/ou bébés moineaux.

Patientez, enfants, demain il sera temps.

Arrive la pleine chaleur de l’été, un subtil courant d’air humide tisse un nappage de fraîcheur  très agréable allant au gré du  hasard, jusqu’à frôler délicatement les endroits les plus intimes d’une pensée bien sage.

Matineuses, les glycines dégrafent un miroir bleuté sur un ruisseau au front d’argent. Un long flux de genets avance vers une liberté prometteuse. Coiffées d’un soleil émergeant, les frêles jonquilles aux secondes printanières deviennent trotteuses.

Cueillir – du moins décoller les champignons de la mousse, détacher les baies des branches, dévisser, en les tournant un peu sur elles-mêmes, sans peser sur les grains noirs qui les grumellent, les mûres des buissons, rapporter quelques silex effilés, quelques quartz multicolores, pincer enfin avec l’ongle du pouce quelques fleurs singulières dont les semences se sont trouvées égarées, sous les semelles des marcheurs ou par le bec des oiseaux, au fond des sous-bois. Il y a longtemps que je voulais évoquer ce goût. Merci donc d’accueillir mon cueillir.

Le rêve éteint doucement l’ardeur d’un soleil en bout de course l’étoile filante embrasse les deux horizons pourpres, le tréma glisse sur le pizzicato d’un concert endormi, il est temps d’emmener les nuages rieurs vers le grand lit des souvenirs.
Pour l’instant le réel en profite, il dort dans l’encrier. Dehors les feuilles du vent frémissent sur les branches du soleil, qui ne cesse de crier.

Sorite de la fleur. En se soumettant aux fleurs, on se  soumet aux saisons. En se soumettant aux saisons on se soumet à l’impermanence de la nature. En se soumettant à l’impermanence de la nature, en marchant en elle, en coupant soudain la branche fleurie propre à l’heure de la saison qui vient, on se soumet à l’instant de vie et mort sur le fil duquel toute femme, tout homme, tout enfant avancent à tout moment.

Pourquoi cueillir?

Pourquoi irrésistiblement se pencher vers la terre, déterrer ce qui luit, ou ce qui s’entraperçoit entre les feuilles, ce qui se distingue tout à coup dans les pierres et les troncs morts? Pourquoi s’arrêter sur place, s’agenouiller, prendre? Pourquoi lever la main, se hausser sur la pointe de ses pieds, sectionner, détacher, cueillir? Pourquoi tuer le plus naissant, le plus touchant, le plus fragile, le plus beau, le plus périssable? Pourquoi écouter la vie des branches des arbres et interrompre l’existence encore plus brève des fleurs qui dressent toutes leur étrange sexe magnifique vers le soleil?

J’aimerais dire le parler de la terre
Gras dans les plaines printanières
Où le blé, fier exhibe sa prime verdeur.

Dire aussi les vallons de langues resserrées
Surprenant le promeneur au tournant d’une vire acérée
Protégés par de craquantes futaies
Pavanées au soleil d’été

N’oublier la terre en chaleur
Ensevelie sous la grisaille des bories
La charrue labourant la pierre
Qui fleurira miraculeusement

Ni son boueux épanchement
Laideur des torrents en fureur
Des rivières en malheur
Des fleuves aux saumâtres couleurs
Déversant cette manne limoneuse
Sur des rives sableuses

Rendre hommage à ses souffrances acides
Ses combats verts
Sa stérilité qui fait d’une mère
Un vieux débris
Abritant les décharges de son agonie.

Devenu un cadavre dans le camp de détention japonais où tous ses compagnons sans exception ont péri de froid, de faim, de peur, de renoncement, l’unique survivant se retient de mourir en guettant la beauté des couchers de soleil.
Il fut le seul, de tout le camp, qui parvint à survivre.
Il s’accroche à la vision d’une orchidée sauvage dans le fossé, au loin, sous le barbelé.
Il doit sa vie à une fleur.

Ouvre-toi cœur infini
Pour que pénètre le chemin des étoiles
Dans ta vie innombrable comme le sable
Et la joie des mers,
Qu’elle contienne le soleil
Dans la poitrine où brille l’homme du lendemain.
L’homme d’aujourd’hui sur le chemin des étoiles de mer
A planté le signe avancé de la vie
Telle qu’elle se doit de vivre
Le vol librement choisi de l’oiseau jusqu’à la mort
Et jusqu’à la fin des pierres et des âges
Les yeux fixés sur la seule certitude du monde
Dont ruisselle la lumière rabotant au ras du sol.

 

Sources :

Belkacem Hamid

Quinard Pascal

Dzara Tristan

Anastasia

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