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Conférences de Solange Anastasia Chopplet
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19 février 2020

UNE CATASTROPHE DE SILENCE

 

20160817_Plaisir dr rompre-01

VIE ET ŒUVRE DE JULES RENARD

                                                                             Résultat de recherche d'images pour "JULES RENARD"

Un auteur pour enfants ? ou pour adultes ? ou pour l’enfant en nous ? Ainsi se propose l’œuvre multiforme de Jules Renard ; romancier, poète, dramaturge, autobiographe, pigiste, politicien,  portraitiste.

 Né le 22 février 1864 à Châlons- du- Maine près de Laval, Labiche fut le fils non désiré, arrivé trop tard de François Renard natif de Chitry- les- Mines dont Jules sera maire, entrepreneur de travaux publics et franc-maçon que « Poil de Carotte » décrit en la figure de Mr Lepic comme indifférent et pas très courageux enfermé dans un « Formidable silence » muet depuis trente ans face à une épouse avec laquelle il a cessé toute relation conjugale ; et de Anne-Rosa Colin, fille d’un quincailler de Langres, alias Mme Lepic, femme revêche, frustrée, reportant son ressentiment sur son fils qui la hait « Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin » bien qu’il éprouve un désir trouble à son égard (1).

                « Mme Lepic avait la manie de changer de chemise devant moi. Pour nouer les cordons sur sa gorge de femme, elle levait les bras et le cou. Elle se chauffait aussi à la cheminée en retroussant sa robe au-dessus des genoux. Il me fallait voir sa cuisse ; bâillant, ou la tête dans les mains, elle se balançait sur sa chaise. Ma mère, dont je ne parle qu’avec terreur, me mettait en feu.

                Et ce feu est resté dans mes veines. Le jour, il dort, mais, la nuit, il s’éveille, et j’ai des rêves effroyables. En présence de M. Lepic qui lit son journal et ne nous regarde même pas, je prends ma mère qui s’offre et je rentre dans ce sein d’où je suis sorti. Ma tête disparaît dans sa bouche. C’est une jouissance infernale. Quel réveil douloureux, demain, et come toute la journée je serai triste ! Aussitôt après, nos redevenons ennemis. C’est maintenant moi le plus fort. De ces bras dont je l’enlaçais passionnément, je la jette à terre, l’écrase ; je la piétine, et je lui broie la figue sur les carreaux de la cuisine.

                Mon père inattentif continue de lire son journal. »

 Il aura un frère Maurice né en 1862 devenu Etienne, dans « Poil de Carotte », « le grand frère » majestueux et profiteur qui lui passe toutes les corvées (cf. Les poules) et une sœur née en 1859, Amélie qu’il affuble du nom d’Ernestine dans le même roman, décrite comme la rapporteuse qui participe au mépris général à l’égard de « Poil de Carotte ».

L’enfance de Jules Renard se déroule à Chitry-les-Mines. 

De 1875 à 1883 : il est mis en pension à Nevers dans une institution religieuse ou « Poil de Carotte »Résultat de recherche d'images pour "poil de carotte" se révèle un méchant garnement, menteur et délateur accusant injustement le maître d’étude de « faire des choses » avec un élève.

Il fait d’assez bonnes études bien qu’il repasse son baccalauréat qu’il obtient en 1883. Il renonce à la rue d’Ulm.

 De 1883 à 1888 : il décide de rester à Paris, où il connait la gêne mais fréquente les cercles littéraires et les couloirs de journaux. Il prendra pour maîtresse une comédienne Danièle Davyle qui inspirera la « Blanche » du « Plaisir de rompre ». Ses débuts littéraires avec deux poèmes  sont ratés : « Les Roses » ; « Les Bulles de Sang » et un premier recueil de nouvelles, « Crime de village » qu’il dédie à son père qui n’en dit rien.

Mais surtout il travaille aux « Cloportes » (2) préfigurant les Lepic. En 1887, il commence son « Journal » œuvre majeure, long soliloque sur le ton de la confidence si intime que son épouse Marinette ne voudra pas qu’il fût publié à sa mort. Elle le brûlera du reste,  la présente édition est une copie à son tour tronquée et retravaillée au gré des éditeurs.

Le « Journal » nous en dit beaucoup sur l’obsession de l’écriture, les exigences du style travaillé à l’os (vingt-cinq lignes en huit jours), la dévalorisation de l’œuvre qu’il qualifie de «catastrophe de silence » sa timidité, les hésitations, découragements de l’écrivain et de l’homme désabusé face à ses contemporains. A vingt-quatre ans il écrit :

                  « Tu ne seras rien. Tu as beau faire : tu ne seras rien. Tu comprends les plus grands poètes, les plus profonds prosateurs, mais, bien qu’on prétende que, comprendre, c’est égaler, tu leur seras aussi peu comparable qu’un infime nain peut l’être à des géants.

Tu travailles tous les jours. Tu prends la vie au sérieux. Tu crois en ton art avec ferveur. Tu ne te sers de la femme qu’avec réserve. Mais tu ne seras rien.

                Tu n’as pas le souci de l’argent, du pain à gagner. Te voilà libre, et le temps t’appartient. Tu n’as qu’à vouloir. Mais il te manque de pouvoir.

                Tu ne seras rien. Pleure, emporte-toi, prends ta tête entre les mains, espère, désespère, reprends ta tâche, roule ton rocher. Tu ne seras rien.

                Ta tête est bizzare,  taillée à grands coups de couteau comme celle de génies. Ton front s’illumine comme celui de Socrate. Par la phrénologie, tu rappelles Cromwell, Napoléon et tant d’autres, et pourtant tu ne seras rien. Pourquoi cette dépense des bonnes dispositions, de dons favorables, puisque tu dois ne rien être ? ».

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Mais le « Journal » c’est aussi l’exutoire, le confident, « Le dialogue de l’âme avec elle-même » c’est-à-dire la pensée, le processus par lequel le désir refoulé se mue en œuvre, la catharsis éloignant les passions inavouables. La littérature extériorise le moi où par endroits « il fait si noir ». Elle permet d’échapper à la tristesse d’être soi dans la poétisation de soi-même.

La littérature est une thérapie grâce à laquelle « je me laboure avec ma plume ». C’est même un exercice spirituel « Si je ne me rectifiais en écrivant je serais vraiment un pauvre homme ».

Outre les confidences et commentaires sans concessions sur ses contemporains et ses pairs, le  « Journal » c’est aussi un documentaire sur l’époque, les évènements littéraires, les coulisses du théâtre, les brouilles, les intrigues.

Ce fut aussi, hélas pour Mme Renard, la découverte du calendrier de ses rendez-vous amoureux décrits en détail, du moins on peut le déduire de ce que Marinette ne brûla pas.

Enfin c’est aussi un compte-rendu de son action politique, de ses engagements dans l’affaire DreyfusRésultat de recherche d'images pour "image dreyfus",  de ses rencontres, Blum, Jaurès qu’il jugea du reste sans indulgence, car la vérité est son maître mot.

« 23 février. - Zola est condamné à un an de prison et mille francs d’amende.

Et, moi, je déclare :

Que je suis écoeuré à plein cœur, à cœur débordant, par la condamnation d’Emile Zola ;

Que je n’écrirai plus jamais une ligne à L’Echo de Paris ».

                 « Je déclare que je me sens un goût subit et passionné pour les barricades, et je voudrais être ours afin de manier aisément les pavés les plus gros, que, puisque nos ministres s’en fichent, à partir de ce soir je tiens à la République, qui m’inspire un respect, une tendresse que je ne me connaissais pas. Je déclare que le mot Justice est le plus beau de la langue des hommes, et qu’il faut pleurer si les hommes ne le comprennent plus.

                Zola est un homme heureux. Il a trouvé sa raison d’être, et il doit remercier ses pauvres jurés qui lui font cadeau d’une année d’héroïsme.

Et je déclare que je ne dis pas : « Ah ! si je n’avais pas une femme et des enfants !... » Mais je dis : « C’est parce que j’ai une femme et des enfants, c’est parce que j’ai été un homme quand ça ne me coûtait rien, qu’il faut que j’en sois un encore quand ça peut me coûter tout ! »

Parce qu’ils ne sont pas Juifs, ils se croient beaux, intelligents et honnêtes. Barrès, infecté de coquetterie.

                J’acquitte Zola. Loin d’organiser le silence autour de lui, il faut crier : « Vive Zola ! » Il faut hurler ce cri de toutes nos profondeurs. »

 Il fait un portrait corrosif de la politique de son village, souligne l’importance du châtelain, du curé, des luttes anticléricales.

Par ailleurs, c’est le cheminement d’une vie qui le montre évoluant du milieu parisien au retour à la terre, à ses racines, à sa paysannerie.

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« J’irai au ciel en sabots » ; « Fils d’un paysan de mon village qui poussait la charrue, j’ai encore de la terre aux racines ». Les paysans deviennent « Nos frère farouches » sans que pourtant il se fasse d’illusions sur eux.

Il se définit du reste comme le « Loti cantonal » et se comporte « avec les paysans comme avec la nature, les bêtes, l’eau, les arbres » dépourvus de l’usage de la raison.

                 « Je ne cherche pas à situer les paysans. Ils son tous les mêmes. Leur cerveau a l’air de fonctionner plus lentement, autrement que le nôtre, voilà tout. Ils sont un orgueil, une bêtise spéciale. Je note. Mais, à mon goût, leur mauvais langage est leur moindre originalité.

                C’est le patois de leur pensée qui m’amuse, et non celui de leur langage ; c’est leur âme, et non leur signalement extérieur. »

  Les paysans ne sont pas prétexte à un paternalisme bucolique, ni à une utopie rédemptrice « La bonté n’est pas naturelle : c’est le fruit pierreux de la raison ». De cette veine il tirera « Le vigneron dans sa vigne » (3) mais aussi les « Histoires naturelles ».

Jules Renard est donc écartelé entre deux mondes dont il se sent proche et en exil, auxquels il accorde des qualités. Charitable pour les miséreux, il est cependant lucide à la façon d’un ethnologue.

Résultat de recherche d'images pour "IMAGE UN ENTERREMENT A ORNANS"

Nonobstant en faisant les héros de ses romans, il leur confère une dignité à la façon de Courbet dans « Un enterrement à Ornans » (1850) ou dans « L’après diner à Ornans » (1849).

Mais progressivement, c’est la nature qui l’emportera pour le guérir de la civilisation urbaine.

Le « Journal » c’est aussi le moyen de manœuvrer des œuvres à venir, un atelier, un laboratoire stylistique, son carnet de croquis. Il y exprime ses exigences en matière de style, il y croque des portraits à la façon de La Bruyère, épingle ses contemporains de maximes La Rochefoucauldiennes. On le voit hésitant entre le naturel « amour de la vérité et l’imagination ». « La vérité et l’art ont des points de contact, je les cherche ». « Ecrire c’est presque toujours mentir ». Certaines remarques rappellent Nietzsche qu’il mentionne plusieurs fois

 « Une vie heureuse est impossible… Seule, une vie héroïque est possible. La plus belle vie pour le héros est de mûrir pour la mort dans le combat. » Oui, oui ! Bien, bien ! Et après, quoi ? Rien, n’est-ce pas ? »

 « La vérité, écrit-il, donne un ravissement parfait ». L’imagination sied au poète qui touche à l’ineffable, à la voix de fin silence mystique.

Enfin le journal c’est aussi le pressentiment de la mort et ce dès 1900 jusqu’au jour fatal. La boucle est bouclée, Jules Renard retrouve « Poil de carotte ».

 De 1888 à 28/04 : il épouse une jeune fille de dix-sept-ans, Marie Moireau qui est assez riche et le sort de sa misère. Mariage de raison qui se révèlera heureux et durable. A cause d’elle il écrira « Poil de carotte » à la suite de leur cohabitation pénible avec la belle-mère.

« C’est cette attitude avec ma femme qui m’a poussé à écrire Poil de Carotte »

                 Tantôt elle oubliait de mettre son couvert, tantôt elle lui donnait une fourchette sale, ou bien, encore, en essuyant la table, elle laissait à dessin des miettes devant sa bru. Au besoin, elle y amassait en tas celles des autres. Toutes les petites vexations lui étaient bonnes.

                On entendait : « Depuis que cette étrangère est ici, rien ne marche. »

Et cette étrangère était la femme de son fils. L’affection du beau-père pour sa bru attisait encore la rage de la belle-mère. En passant près d’elle, elle se rétrécissait, collant ses bras à son corps, s’écrasait au mur comme par crainte de se salir. Elle poussait de grands soupirs, déclarant que le malheur ne tue pas, car, sans cela, elle serait morte. Elle allait jusqu’à cracher par dégoût. »

 Vient la naissance de leur fils Jean-François,  Fantec dans le « Journal », où il écrit

 « 2 février. – C’est à croire que les yeux des nouveau-nés, ces yeux qui ne voient pas et où l’on voit à peine, ces yeux sans blanc, profonds et vagues, sont faits avec un peu de l’abîme dont ils sortent.

A noter en ce moment-là le rôle niais, inutile, superflu, le rôle troisième zone du mari, qui reste les bras ballants, la figure embarrassée, devant l’utilité de sa femme et son peu d’importance à lui.

8 février. – Il ne fait guère que téter et dormir. On sent que ses yeux vont être bientôt capables de perception. Ses mains ratissent le vide dans une éducation constante du tact. »

 Même année il devient cofondateur du « Mercure de France », il en est le principal actionnaire, brigue la légion d’honneur et se laisse tenter par le pouvoir et les « grandeurs d’établissement ». Enfin il devient maire (après son père) de son village. C’est la revanche de « Poil de Carotte ».

 1890 : il publie « Sourires pincés » (4) où apparaît un personnage préfigurant « Poil de carotte ». Le ton est sec, corrosif. Il y pratique l’humour à la façon de l’ironie socratique alliant conscience et positon morale, entre rire et désespoir. Allié du jugement il lui confère sa juste mesure « L’humour c’est en somme, la raison. L’homme régularisé » (4 novembre 1898). Les sourires pincés c’est la pudeur de Jules Renard. Il multiplie les articles dans le « Mercure » puis plusieurs autres journaux. Il fréquente Courteline, Allais, Capus, Gide, Swob, Daudet qui disent de Jules Renard qu’il est un La Bruyère moderne et les Goncourt « un militaire en retraite dont la main à une douceur d’édredon humide ».

Il commence l’« Ecornifleur » (5) publié avec succès en 1892. Il s’agit de l’histoire d’un pseudo poète, Henri, qui « pêche » Mr Vernet, dont il sera le parasite, séduira sa femme, forcera sa fille mais se fera prendre au piège de la dépendance. Il sera sacrifié à la bourgeoisie et aux mondanités avant de couper tous les fils des modèles obligés pour devenir enfin un écrivain, original.

Il écrit à cette date dans son « Journal »

                « Préface de L’Ecornifleur :

                Je supporterais volontiers l’homme qui me dirait : « Regardez ! J’ai une belle barbe blonde. » Mais je ne peux pas souffrir l’homme qui me dit : « Vous savez, moi, je suis honnête. » Je sais que vous commettez, comme moi, au moins une indélicatesse par jour.

                Je crois, tantôt à rien, tantôt à tout.

                Je répondrai à ceux qui me demanderont pourquoi cette préface n’est pas en tête du livre : « Le roman, imprimé comme il l’est, a déjà 312 pages, ça aurait fait trop gros. Je n‘ai pas d’autre raison à donner. »

La même année nait son deuxième enfant, Julie-Marie dite Baïe.

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1894 : il fait paraitre « Le Vigneron dans la vigne ». La même année il rencontre Toulouse Lautrec qui illustrera les « Histoires Naturelles » et qu’il décrit comme   « Lautrec : un tout petit forgeron à binocle. Un petit sac a double compartiment où il met ses pauvres jambes. Des lèvres épaisses, et des mains comme celles qu’il dessine, avec des doigts écartés et osseux, des pouces en demi-cercles. Il parle souvent de petits hommes avec l’air de dire : « Je ne suis pas si petit que ça, moi ! »

                Il aime Zimmermann et Péan surtout, qui a l’air, en fouillant les ventres, de chercher de la monnaie dans sa poche.

                Il a sa chambre dans une « maison », est bien avec toutes ces dames, qui ont des sentiments exquis, inconnus des femmes honnêtes, et qui posent admirablement. Il est aussi propriétaire d’un couvent, et il va du couvent à la « maison ».

                Il fait mal d’abord par sa petitesse, puis très vivant, très gentil, avec un grognement qui sépare ses phrases et soulève ses lèvres, comme le vent les bourrelets d’une porte.

                Il a la taille de son nom.

                Il revient à Péan, vivement amusé par toute cette charcuterie, la table en aluminium, qui vaut dix mille francs, et qu’on lève ou qu’on abaisse au moyen d’un piston, par l’opéré qui glisse et qu’on ramène par la force de Péan qui enlève tout : les aides, l’opéré, la table, d’un seul effort, qui arrache une molaire avec ses doigts, et qui, charcutant, parle gracieusement à l’assistance…

                Et toujours le grognement, et toujours le désir de raconter des choses « tellement bêtes qu’elles sont bien ».

                Et des bulles de bave volent à ses moustaches. »

 La même année « Poil de Carotte » est publié en octobre. C’est un succès qui fait l’unanimité et pourtant il écrit le 29 novembre

« Parlons de mon talent. Il me suffit de lire une page de Saint-Simon ou de Flaubert pour rougir. Mon imagination, c’est une bouteille, un cul de flacon déjà vide. Avec un peu  d’habitude un reporter égalerait ce que, plein de suffisance, j’appelle mon style. »

 Février 1895 : il loue à Chaumont près de Chitry La Gloriette « parce que c’est un diminutif de gloire et que la gloire engage un homme de lettres ».

Il rencontre le 26 décembre une autre gloire Sarah Bernhardt à propos de laquelle il écrit

                « Sarah Bernhardt. Je cherche une épithète pour résumer mes impressions. Je ne trouve que celle-ci : « Elle est gentille. » Je ne voulais pas la voir. Maintenant, j’ai brisé l’idole ridicule et gênante que je faisais d’elle. Il reste une femme que je croyais maigre, et qui est grasse, que je croyais laide, et qui est jolie, oui, jolie comme un sourire d’enfant.

                Quand Rostand a dit : « Je vous présente Jules Renard », elle s’est tout de suite levée de sa table et a dit d’un ton joyeux, puéril, adorable :

-Oh ! comme je suis contente ! Il est bien tel que je le croyais, n’est-ce pas, Rostand ? Monsieur ? je suis votre admiratrice.

-Madame, c’est une stupéfaction dans ma vie d’apprendre que vous puissiez admirer les œuvres (j’ai dit : les oeuvres) de Jules Renard.

- Pourquoi ? dit-elle. Vous me preniez donc pour une imbécile ?

- Mais non !

Et elle se met du rouge aux lèvres. »

1896 : paraissent les « Histoires naturelles »Résultat de recherche d'images pour "HISTOIRES NATURELLES TOULOUSE LAUTREC", a propose desquelles Tristan Bernard  dit : « - C’est un travail de vieille demoiselle, réussi parce que vous êtes Jules Renard, un habile ouvrier, mais c’est faux, chiqué, truqué, sans aucune humanité. Veber me disait : « Tu n’aimes pas La Chenille parce que tu n’aimes pas la campagne. » J’ai répondu à Veber : je n’aime pas La Chenille précisément parce que j’aime la campagne, et que La Chenille est un bibelot de cabinet de travail, d’étagère, le contraire d’une bête ayant de la vie et de l’odeur. »

 A-t-on affaire là au Jules Renard le plus authentique ? Exprime-t-il sa nostalgie alors qu’il quitte ses arbres ? Ou sa gratitude ? Il aimerait mourir avec la simplicité d’un arbre. « Je disais merci aux arbres, aux rues… ». Prolonge-t-il ainsi son séjour à la campagne alors qu’il est à Paris ?

Les animaux sont simples, inoffensifs, vivant à la ferme ou dans les champs. Aucune bête sauvage, agressive si ce n’est le renard. Ce sont des humbles, des petits, des oubliés, des sans grade souvent voués à la consommation, des sans voix auxquels il donne une parole poétique, pas celle d’Esope ou de La Fontaine mais de la nature, de la vérité simple. Jules Renard est là en observation de la vie, en chasseur d’images et  de la mort.

 « Les yeux servent de filets où les images s’emprisonnent d’elles-mêmes.

La première qu’il fait captive est celle du chemin qui montre ses os, cailloux polis, et ses ornières, veines crevées, entre deux haies riches de prunelles et de mûres.

Il prend ensuite l’image de la rivière. Elle blanchit aux coudes et dort sous la caresse des saules. Elle miroite quand un poisson tourne le ventre, comme si on jetait une pièce d’argent, et, dès que tome une pluie fine, la rivière a la chair de poule ».

 Toutefois qu’on ne s’y trompe pas, il y a du Buffon dans ses « Histoires Naturelles » dont il reprend le titre et de nombreux détails mais en les poétisant.

 « (Si les feux de l’amour… lui inspirent une nouvelle ardeur… alors toutes ses beautés se multiplient… son aigrette s’agite sur sa tête… » et «il semble prendre un nouvel éclat… de nouvelles couleurs plus variées et plus harmonieuses »)(Buffon) sont condensés par Renard avec une goutte de poésie : « L’amour avive l’éclat de ses couleurs, et son aigrette tremble comme une lyre »

 Les animaux il les appelle ses frères comme Saint François d’Assise dans le «Sermon aux oiseaux » ou Attar dans « Louange des oiseaux ». Il peut même s’identifier à eux « Je voudrais moi aussi tout comprendre et tout sentir. Mais pauvre escargot que je suis, l’horizon infini, que je ne touche pas, blesse mes cornes ».  A propos du Martin- Pêcheur, il écrit.

 «  ça n’a pas mordu, ce soir, mais je rapporte une rare émotion.

Comme je tenais ma perche de ligne tendue, un martin-pêcheur est venu s’y poser.

Nous n’avons pas d’oiseau plus éclatant.

Il semblait une grosse fleur bleue au bout d’une longue tige. La perche pliait sous le poids. Je ne respirais plus, tout fier d’être pris pour un arbre par un martin-pêcheur.

Et je suis sûr qu’il ne s’est pas envolé de peur, mais qu’il a cru qu’il ne faisait que passer d’une branche à une autre. »

  Et pour la vache Brunette il voudrait que retentit le glas.

 « La femme de Philippe demande :

- Elle est morte ?

- Tu ne le vois pas ! dit Philippe durement.

Mme Philippe sort dans la cour.

- Ce n’est pas près que j’aille en chercher une autre, dit Philippe.

- Une quoi ?

- Une autre Brunette.

- Vous irez quand je voudrai, dis-je d’une voix de maître qui ‘étonne.

Nous tâchons de nous faire croire que l’accident nous irrite plus qu’il ne nous peine, et déjà nous disons que Brunette est crevée.

Mais le soir, j’ai rencontré le sonneur de l’église, et je ne sais pas ce qui m’a retenu de lui dire :

- Tiens, voilà cent sous, va sonner le glas de quelqu’un qui est mort dans ma maison. »

 Par l’intermédiaire de l’animal il donne à comprendre à la fois  ses exigences stylistes :

- un style vertical, diamanté, sans bavures pareil à un aïku qui fait de lui « Un japonais ému ». Un style en éclat, en croquis qui circonstancie les scènes de la vie quotidienne

- qui rejoint une véritable ontologie non dualiste qui répond à la question de l’être par le sentir. Je sens donc je suis. Jules Renard cherche ainsi à retrouver l’animal en lui.

- et exprime une quête de vérité en deçà de toute conceptualisation où l’authentique se dit dans le simple de la relation non médiatisée au monde

- et enfin la pudeur de Jules Renard qui hait le pathos. « Je déteste l’émotion exhibitionniste et fallacieuse tout autant que l’imagination qui se substitue au réel ». D’où la distanciation par l’humour. Son lyrisme se veut discret, « clair et sobre » voilé.

- mais c’est aussi toute une sensibilité réaliste qu’exprime Jules Renard comme une résignation, car on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve et c’est ainsi. La vie n’est ni injuste ni cruelle, elle est.

 « Moi je voudrais être agréable aux animaux mêmes. Je voudrais s’ils pouvaient lire mes petites « Histoires Naturelles » que cela les fit sourire » souhaite le poète.

Les « Histoires Naturelles » sont un écho à certains passages de « Poil de Carotte » et ponctuent tout le « Journal ». Et nous ne résistons à citer « Le Chat »

I

« Le mien ne mange pas les souris ; il n’aime pas ça. Il n’en attrape que pour jouer avec. Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l’innocent, assis dans la boucle de sa queue, la tête bien fermée comme un poing.

Mais à cause des griffes, la souris est morte.

 II

On lui dit : « Prends les souris et laisse les oiseaux « 

C’est bien subtil, et le chat le plus fin quelquefois se trompe. »

 La même année il publie « La Maîtresse » (6) dialogue sarcastique sur les cours d’éducation sentimentale qu’aurait dispensés Danièe Daryle à Jules Renard.

20160817_Pain de ménage-03

1897 : c’est l’année du « Plaisir de rompre » et du « Pain de ménage » pièces tout en nuance et finesse qui distille le goût doux amer du regret, regret des choses passées, regret de ce qui aurait pu être. Pièces de silence aussi dans lequel résonnent les mots qui tombent pareilles à des gouttes ou des notes de Reynaldo Hahn. Sartre, dans « Situation  I » « L’homme ligoté » écrit que Jules Renard a créé la littérature du silence. « Il est venu se taire par écrit » ajoute-t-il pour souligner son art de la brièveté, son écriture à l’os. D’où sa prédilection pour les formes brèves : exemple de « Poil de Carotte »,  « Histoires Naturelles », répliques théâtrales, des instantanés à la façon de portraits, caricatures, moments de vie croqués sur le vif sans commentaire. « En morceaux, en petits morceaux, en tous petits morceaux ».

20160817_Plaisir dr rompre-03

Le roman a vécu, à la façon des impressionnistes, son écriture se fait expressive et pointilliste parfois pour mieux épingler, à la façon d’un entomologiste, les types humains.

Pour en revenir au « Plaisir de rompre » Jules Renard, tout à son succès écrit dans son « Journal »

 

« J’entends Granier pleurer presque. Rideau. Trois rappels. Photographie. C’est, je crois bien, tout le succès, sans faute note, que puisse obtenir une petite chose. Is, défilé. Des mains, des mains, des mains. Gandillot me dit : « Je ne vous dis rien. » Descaves, qui a mené la salle en donnant, le premier, le signal, a l’air joyeux pour la première fois de sa vie. De Flers me dit : « Je suis bien heureux de vous connaître. » Les escholiers me remercient. Une vieille dame, que je ne connais pas, me serre les mains.

Ainsi, jusqu’à ce jour, j’étais de l’autre côté de la rivière. Ni Poil de carotte, ni les Histoires naturelles ne m’avaient fait passer. Maintenant je sens que je passe. »

  Mais dès le mois de juin c’est la dépression

« Toutes mes journées pleines, et mon âme toujours vide.

Oui, oui, une petite femme qui garderait les vaches et lirait La Revue blanche.

On dit d’un auteur qui n’a pas de ficelles : « Il ne sait pas le théâtre », et d’un qui sait le théâtre : « Oh ! il a des ficelles. »

14 juin. – Pas de génie, mais de petits génies éphémères.

Va, va ! Cherche la main divine qui nous tend l’hostie de la lune.

15 juin. – L’homme, cette taupe de l’atmosphère.

Les livres frais qui sentent le cadavre, la charogne.

J’ai mal aux idées. Mes idées sont malades, et je n’ai pas honte de ce mal secret. Je n’ai plus aucun goût, non seulement au travail, mais à la paresse. Aucun remords de ne rein faire. Je suis las comme un qui aurait fait le tour des astres. Je crois que j’ai touché le fond de mon puits. »

 C’est aussi l’année de la mort (suicide) de son père. Jules Renard engage le ménage Chalumeau à la Gloriette. Ils deviendront les  Philippe et Ragotte de « Ragotte » 1908 et des « Philippe » 1988 (7). « Elle est si naturelle que d’abord, elle a l’air un peu simple. Il faut longtemps la regarder pour la voir ». Exemple encore une fois de cette écriture du silence livrant le cri muet d’une mère qui a perdu son fils.

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1898 : c’est l’année de l’affaire Dreyfus. Jules Renard, laïc et anticlérical se révèle un dreyfusard convaincu aux côtés de Zola.

Mai : paraissent les « Bucoliques » : l’écrivain veut regarder à fond la misérable vie des paysans. « Les Bucoliques » composés d’un ensemble de textes parus dans des journaux au fil des années et auxquels il en ajoute d’autres « Nos frères farouches » 1908 ; «  L’œil clair » 1913, constituent des galeries de « farouches », vieilles femmes, ouvriers, paysans (cf. le casseur de pierres cf Courbet)  enfants. Ils prennent une forme de reportages dialogués.

Puis ce sont des années de silence littéraire, il ne produit rien, mais reprend, il travaille à une adaptation théâtrale de « Poil de Carotte » qui sera un triomphe en mars 1900.

Le 6 mai il est élu conseiller municipal de Chitry, tâche qu’il prend très à cœur.

C’est aussi l’année de l’Exposition Universelle dont il croque des figures sans complaisance ou avec beaucoup d’ennui.

 Exposition. Danse du ventre. C’est obscène, d’abord, puis ça devient très bien. Une belle fille, grave, les seins et le ventre roulant sous une étoffe légère et rose, semble la déesse des confitures. L’étoffe se creuse au nombril. On sent que c’est un art et qu’aux yeux de tous ces hommes, accroupis et fascinés, il y a les danseuses médiocres, et les divines. »

 1900 : il obtient la légion d’honneur

 1904 : il travaille à « M. Vernet » qu’il achève l’été 1902 qui sera montée par Antoine le 8 mai 1903.

 « Pas dormi, cette nuit. Des frissons, des brûlures, de la fièvre.

Aucune tranquillité pour le premier acte, il faut que je me rappelle que le second a plu à Feydeau.

Je reste couché presque toute la journée, énervé et geignant.

Marinette, admirable de courage, m’enverra Fantec pour me dire comment a marché le premier acte : « Très bien. Bien. Marché. Pas marché. »

- Sois Tranquille ! me dit-elle. Je te jure de te dire la vérité. Je serai même plutôt en dessous qu’en dessus.

Peu à peu je me calme. Et puis ? sans la question d’argent, qu’est-ce que toute cette folie de théâtre ?

Dix heures. De plus en plus calme, comme si on ne me jouait pas ce soir, et ce calme ne me présage rien de bon. L’insuccès est tout de même plus vivant que le succès.

Fantec vient  me chercher. Tout le premier acte a bien réussi. »

 10/05/02 : il  assiste à la première de « Pelleas et Mélisande » qu’il taxe de «sombre ennui, de la conversation chantée, j’aime mieux le vent ». Idem pour la « Walkyrie ». Au Louvre « rien ne le passionne ». « En sortant je vois un merle noir à bec jaune. Voilà de la peinture » conclut-il.

 1904 : c’est aussi uneannée politique et électorale. Il se représente aux élections municipales de Chitry, il est réélu conseiller. Il se dépense sans compter au grand dam de Marinette « Tu finiras par être un saint. Pourquoi pas ? Un saint laïc ».

Puis il commence « Sœur Ernestine » qui deviendra « La Bigote ». Mais en juin, il subit une alerte cardiaque « Le léger clapotement d’un cœur qui se fatigue ».

 1905 – 1906 : il connait un passage dépressif et songe de plus en plus à la mort.

 « 2 mars. – Je vis comme un vieux. Je lis un peu des journaux, des morceaux choisis, j’écris quelques notes, je me chauffe et, souvent, je sommeille. »

 « 25 mars. – Toujours peur de la vie, et, quand elle a passé, je ne peux plus en détacher mes yeux. »

 Paris le déprime plus que jamais

 « Arrivée à Paris. Tristesse. Si je n’aimais pas Marinette, je filerais par le train de dix heures. Faiblesse de Marinette.

- Nous sommes les rois là-bas, dit-elle. Ici, les concierges sont logés comme nous.

La salle à manger nous semble petite. Je ne trouve pas la maison solide. Le plancher craque sous mes pieds. C’est sinistre, et c’est idiot : avoir, là-bas, le confortable, le grand air, la vie heureuse, et venir se loger six mois dans cet hôtel meublé ! »

 Il ne publie rien et pourtant son  « Journal » pullule de remarques poétiques.

Il est indifférent à la proposition de Ravel qui désire mettre les « Histoires Naturelles » en musique.

 1907 : son état demeure inchangé

 « 1er janvier. – Je veux être bien sage, travailler comme un petit nègre innocent. A vrai dire, je sens que ça passe, que la fin se dessine, là-bas, dans le brouillard, et qu’il faut profiter de ce qui reste. Si tu veux faire quelque chose, il est temps. »

 « Un cheval de fiacre si las qu’il ne voulait plus avance et qu’il s’asseyait dans le ruisseau, doucement, sans briser ses brancards ; un passant le relevait, mais il allait s’asseoir vingt pas plus loin. »

 Elu enfin à l’Académie Goncourt grâce au soutien de J H Rosny et Octave Mirbeau, il occupe le siège de Huysmans.

 «12 septembre. – Ce soir, premier dîner Goncourt.

 Ce fut un gros chagrin pour moi lorsque mes parrains m’interdirent de prononcer un discours. Vous voyez : je n’ai rien préparé. Je n’ai apporté que ma gratitude profonde et toute chaude. Je vous prie de l’accepter comme je vous l’offre.

Je suis fier d’être un des héritiers de Goncourt. Je pense que s’il me voyait il ne me donnerait pas sa malédiction. »

  Il prend sa tâche au sérieux. A nouveau il mène la vie parisienne. Cependant le 26/12/1907, il écrit

 « Je touche le fond. Je ne peux plus que remonter.

Pour être clair, il faut d’abord avoir besoin soi-même de clarté.

Voici l’année 1908. Tout va encore recommencer. »

 C’est aussi l’année de « Les Philippe » et de « Partie » (8).

 1908 : c’est la publication de « Ragotte »

 1909 : il est atteint d’artériosclérose et de malaises cardiaques

 « Le cœur bat comme un fléau dans une grange. »

 « Envie d’aller à Barfleur. Certitude que je ne ferai plus rien.

J’ai de pauvres idées comme une troupe d’oies dispersées.

Et c’est le cerveau qui vieillit.

Pour m’user, je n’ai pas eu besoin de commettre d’excès.

Est-ce que ça va se prolonger longtemps, cette vie-là ?

J’aurais pu faire une demi-douzaine de livres de plus, pas un de mieux. Il me semble que j’ai passé ma vie à dormir.

Déjà ma plume devient paresseuse à écrire. Est-ce que mon cerveau n’a pas de peine à achever une pensée ?

Parfaire, c’est peut-être rejeter de son œuvre ce qu’elle a de plus beau.

Je deviendrai vieux. Je ne tiendrai plus que par des cordages. »

 Tandis que Mrs Lepic perd la tête et le 5 août se noie dans le puits de la maison de Chitry

 « Août. – Le 5, mort de maman enterrée le 7. Visite de Capus. Il a eu un accident d’auto à Lormes. Il arrive tout fier de son accident, au milieu du nôtre. »

 Et « Poil de Carotte » de réapparaître chez Jules Renard.   

 21/10/1909 : la « Bigote » connait un succès énorme.

 L’état de santé de Jules Renard s’aggrave rapidement

 « Le cœur fait l’effet d’une pendule d’ouate qui, parfois, choquerait légèrement les parois de l’horloge.

Le cerveau qui s’en va, impossible de le retenir. C’est comme si un pissenlit  voulait rattraper ses poils.

Déjà, je prends appétit à me promener dans les cimetières.

Le mystère de la mort suffit. Tout ce reste qu’on y rattache, c’est des ficelles de théâtre.

Il est admirable que quelques-uns des vivants qui conduisent un mort au cimetière n’éprouvent pas le besoin, pendant qu’ils sont là, de se coucher, par lassitude, dans la tombe.

Une visite à la tombe des Goncourt. Ces fiers hommes de lettres n’ont pas osé dire qu’ils étaient hommes de lettres. Deux noms, deux dates, ils trouvent que c’et assez. Hé ! Hé ! il ne faut pas s’y fier.

Malade, je sens dans ma gorge comme un escargot qui bout. »

  Et «Poil de Carotte » de boucler la boucle.

Il décède le 22 mai à quarante-six ans.

 Il avait déjà rédigé son épitaphe dans son « Journal » le 11 août 1897.

 

« Je vois très bien mon buste sur la place de l’ancien cimetière avec cette inscription :

 

                A Jules Renard

Ses compatriotes indifférents »

                                                                             Résultat de recherche d'images pour "buste de jules renard"

 

 ANASTASIA SOLANGE CHOPPLET

Conférencière et philosophe

 

(1) « Journal » 18 octobre 1896

(2) Texte en ligne sur internet

(3) Jules Renard – « Le Vigneron dans la vigne » - « Les Bucoliques » - « Les Philippe » - « Ragote » - en ligne sur internet

(4) Texte en ligne sur internet

(5) Texte en ligne sur internet

(6) Texte en ligne sur internet

(7) Texte en ligne sur internet

(8) Texte en ligne sur internet

 

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